L’évacuation de la ZAD se poursuit aujourd’hui
Dernier acte. Les forces de l’ordre ont lancé hier à Notre-Dame-desLandes (Loire-Atlantique) une opération massive d’expulsion des occupants illégaux de la ZAD, qui a mobilisé 2500 gendarmes et donné lieu à des affrontements. Et la situation pourrait s’aggraver dans les prochains jours.
Pourquoi cette opération ?
Le 17 janvier, en mettant fin au projet d’aéroport, le Premier ministre Édouard Philippe avait promis d’éradiquer la « zone de non-droit », en fixant à fin mars la date butoir d’évacuation des lieux. Cette opération d’expulsion concerne donc toute personne n’ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels. La quasi-totalité des 250 zadistes estimés sur place ne l’ont pas fait, préférant une gestion collective du territoire et la possibilité de mener des projets non agricoles.
Comment cela s’est-il passé?
L’intervention a débuté à l’aube et s’est concentrée sur les abords de la D281, l’ex-route «des chicanes». Les accès avaient été bloqués par les gendarmes mobiles dès 3 heures. Des images fournies par les militaires montrent un escadron de gendarmerie déblayant la route jonchée de pneus brûlés, d’épaves de voitures et surmontée de barricades en feu. Des affrontements ont éclaté une demiheure après le début de l’opération entre zadistes et gendarmes mobiles au lieu-dit « Les Fosses noires », au sudouest de la D281. Une dizaine de tracteurs barraient la route, ainsi que des meules de foin et des poteaux électriques. En milieu de matinée, des engins de chantiers sont arrivés sur la D281. Le mirador et le chapiteau du «Lama fâché » ont été détruits par deux pelleteuses. Un peu plus tard, c’est le squat des « 100 noms » dont les résidents ont été expulsés. Les gendarmes ont délogé plusieurs dizaines de zadistes venus s’opposer pacifiquement à la destruction du lieu.
Quel bilan pour l’instant ?
Les opérations se sont interrompues hier à 18 heures, a indiqué la préfète des Pays-de-la-Loire Nicole Klein. Elle a déclaré que l’objectif de démanteler une «quarantaine de squats», sur 97, était « presque atteint ». Plus tôt, à 15 h 30, le ministère de l’Intérieur avait recensé 13 squats «traités» et dix personnes expulsées. Sept personnes ont été interpellées et placées en garde à vue: six d’entre elles se trouvaient dans un même véhicule, en possession de stupéfiants et de pétards. La septième est un mineur interpellé dès 5 h 30, notamment pour le jet d’un pavé. Un gendarme a par ailleurs été légèrement blessé à l’oeil.
Pourquoi cela risque-t-il de s’envenimer aujourd’hui ?
Les opérations devaient reprendre ce matin à 6 heures, selon la gendarmerie. Or « plus ça va aller, plus ça va être compliqué», avait jugé hier soir la préfète, ajoutant: « On a fait le plus simple. » Les tensions se sont cristallisées hier après la destruction du squat des « 100 noms», jugée « inutile » et qui « risque d’être lourde de conséquences» , a déclaré un collectif d’élus anti-aéroport. De fait, l’Acipa, principale association d’opposants, et plutôt modérée, a parlé de « ligne rouge franchie » contre un lieu de vie qui « portait un vrai projet agricole, un projet solide et pérenne», et a appelé ses soutiens à «venir en nombre» protester aujourd’hui sur la ZAD. «Les “100 noms” n’ont pas déposé de projet agricole», a affirmé de son côté la préfète. De manière générale, les zadistes entendent «empêcher» les forces de l’ordre de poursuivre leur intervention et de «s’enraciner» sur les lieux. Ils ont appelé hier soir « tous ceux qui peuvent à se rendre sur place dès l’aube » aujourd’hui « pour leur faire obstacle ».