Un mois de galère
Conséquence d’un incendie monstre, les occupants d’un immeuble du boulevard Zunino sont privés d’eau depuis un mois. Les choses doivent rentrer dans l’ordre ce mardi
Le mars, seize véhicules brûlaient dans le parking d’une copropriété. Malgré l’absence d’eau courante, certains résidents ont choisi de rester. La fin de leur calvaire doit prendre fin demain. Chronique d’une galère.
Tous les matins, on va dans les toilettes de chantiers disposés dehors… Pour la douche, on a loué un appart-hôtel… Ah, et j’oubliais la vaisselle ! On va en bas, on récupère de l’eau dans une bassine, on remonte, on fait la vaisselle et on redescend l’eau sale qu’on jette dans une citerne… Franchement, c’est la galère, les gens sont crevés! » Dans son appartement du 3e étage, Jean-Marc Carbonnel a l’air las. Comme tous les habitants de l’immeuble la Tourangèle, au 185 boulevard Michel-Zunino, à La Garde, il n’a pas d’eau depuis un mois. Mais, bonne nouvelle, à en croire le syndic, flots et canalisations reviendront ce mardi !
Survivalisme ?
Cette vie à la dure n’a pourtant rien à voir avec un défi survivaliste que se serait lancé le sexagénaire. Avec les autres locataires et propriétaires de l’immeuble, il paye les contrecoups de l’incendie qui a ravagé le parking souterrain de la copropriété, le 12 mars dernier. Ce jour-là, aux alentours de 23 h, le feu part d’une voiture qui y est stationnée et se propage aux autres (lire ci-contre). Résultats : 11 véhicules carbonisés et cinq endommagés. Sans compter le contenu de nombreux box de stockage ravagés et les tuyaux en plastique, complètement fondus sous l’effet du brasier… Au hasard des portes et des étages, le badaud croise quelques-uns des irréductibles ayant décidé de continuer à vivre dans cet immeuble aux allures de vaisseau fantôme. Sur la trentaine d’appartements que compte le bâtiment, moins de 10 sont occupés. Une manière d’éloigner d’éventuels pillards… « Je comprends les gens qui sont partis, c’est difficilement vivable», glisse Yannick Dumont depuis le premier étage. Pour s’adapter à l’adversité, ce formateur de 48 ans a opté pour la méthode camping : toilettes de caravane, vaisselle en plastique et lingettes pour la toilette. « Le seul truc, c’est que je sens le bébé… Mais comme je suis beaucoup en déplacement, je ne vis ici que trois jours par semaine », tempère-t-il. Il n’empêche que les flammes lui ont joué un bien vilain tour…
Dans la chambre
« Juste après l’incendie, les gens ont continué à aller aux toilettes. Le soucis, c’est qu’avec la tuyauterie tordue, tout s’est bouché et est ressorti par mes WC. J’en avais jusque dans ma chambre!» Âmes sensibles s’abstenir. Certains ont décidé d’opter pour le système D. « J’ai de la famille à côté, on prend les repas et la douche chez eux, et le reste du temps on le passe à l’appartement », glisse un propriétaire. « Comme j’étais aux Anciens combattants, je suis allé un temps aux toilettes là-bas », souffle un autre. D’autres ont carrément pris la poudre d’escampette. « Il y a une bonne dizaine de locataires qui sont partis définitivement, confie M. Carbonnel. Je pense notamment à un, dont la voiture a été brûlée. I la été traumatisé psychologiquement… » Pour contrer d’autres mauvaises surprises, un vigile fait des rondes nocturnes depuis 15 jours. Certains propriétaires ont carrément installé des systèmes d’alarme. Car même si l’essentiel du cauchemar doit prendre fin, une interrogation demeure. « Pourquoi ça a pris feu ? questionne un résident. Une voiture, ça ne s’enflamme pas tout seul… »