Var-Matin (Grand Toulon)

Charité sanaryenne pour les chrétiens de Homs

La paroisse Saint-Nazaire a lancé un jumelage avec Notre-Dame de Homs, nouvelleme­nt créée après que 400 familles chrétienne­s ont dû fuir leurs quartiers historique­s à cause des combats.

- J. P. jpoillot@nicematin.fr

Il leur arrive parfois de quitter leur tranquille petite paroisse varoise pour se rendre en Syrie. C’est pour venir en aide à leurs frères chrétiens que fidèles et responsabl­es du culte sanaryen ont lancé un jumelage avec la paroisse Notre-Dame de Homs en octobre dernier.

(1) Une communauté qui compte 400 familles installées là depuis 2 000 ans, déplacées par la guerre. De 2011 à 2014, la 3e plus grande ville de ce pays du Proche-Orient a été le repère des rebelles et/ou d’islamistes, ce qui lui valut d’être lourdement bombardée par le gouverneme­nt de Bachar el-Assad.

Eglise à construire

Le père Rodrigo était du dernier voyage, en octobre dernier. Une semaine guidée par abouna (père, en arabe) Edouard Karam, durant laquelle il s’est immergé dans le quotidien d’hommes, de femmes et d’enfants qui, depuis la libération de la ville en 2014, tentent de s’organiser pour reprendre une vie normale, comme tous les civils, dans un contexte toujours instable... comme en atteste l’actualité des derniers jours. «Notre jumelage doit, d’abord, les aider à construire une église et un centre paroissial, en un même lieu; il faut savoir qu’il s’agit d’une “nouvelle” paroisse, dans le sens où ces gens vivaient, avant les combats, dans des quartiers qu’ils ont dû abandonner, aujourd’hui détruits ». La communauté est depuis concentrée dans le quartier d’Al Arman, majoritair­ement alaouite qui, lui, n’a jamais servi de siège. «Il était parfois la cible de tirs de roquettes mais, globalemen­t, dans ce quartier, la vie a continué », précise le “missionnai­re”. Seulement, les nouveaux arrivants n’y ont jamais eu de lieu de culte propre. Ils célèbrent actuelleme­nt la messe dans un sous-sol qu’ils louent... «Le terrain pour construire le nouvel édifice est déjà acquis, les plans sont faits, le budget est établi… C’est très concret», s’enthousias­me le père Rodrigo. Reste à récolter des fonds. Les habitants de Homs, ancien centre économique du pays, n’ont pour la plupart pas retrouvé de travail, car peu d’entreprise­s ont repris leur activité. «Pour l’heure, abouna Edouard et son équipe organisent la solidarité de la communauté comme ils peuvent, mais les besoins sont nombreux: vêtements, matériel scolaire, transport pour les 350 universita­ires, nourriture, médicament­s…»

Appel aux dons

Alors, la paroisse Saint-Nazaire de Sanary a lancé un

(1) appel aux dons auprès de ses fidèles… et de toutes les âmes charitable­s. Car, audelà de toute considérat­ion religieuse ou politique (ces ecclésiast­iques se l’interdisen­t), cette main tendue à une population qui, par choix ou par nécessité, est restée sur ses terres malgré la guerre, forme un pont devenu rare entre l’Europe et ce pays violenté. « Durant notre séjour en Syrie, nous avons même croisé des gens qui nous ont pris en photo tant ils étaient heureux de voir des visiteurs, sourit le père Rodrigo. Il y a l’aide matérielle que nous pourrons leur apporter, mais beaucoup de chrétiens nous ont aussi dit combien notre présence, le fait de ne pas se sentir abandonner malgré le contexte, leur fait du bien ». A la fin du mois, une nouvelle délégation sanaryenne doit retourner à Homs, pour y poser symbolique­ment la première pierre du futur lieu de culte. Et confirmer sa solidarité.

“Nous

ne voulons pas entrer dans une discussion politique. Notre place est sur le terrain, auprès de nos frères syriens déplacés, pour poser ensemble la première pierre de leur nouvelle église et centre paroissial. Nous prions simplement pour que toutes les actions politiques entamées soient réfléchies en pensant au véritable bien du peuple syrien, qui passe par la paix et la reconstruc­tion du pays. D’ailleurs, n’est-ce pas en aidant à la reconstruc­tion sur place que nous trouverons aussi, de surcroît, la vraie solution au problème d’immigratio­n qui nous inquiète?” Le père Rodrigo, en réaction aux récentes frappes aériennes sur la Syrie

1. La paroisse Saint-Nazaire de Sanary est pour l’heure la seule à avoir envoyé des représenta­nts à Homs, mais celles d’Ollioules et de Saint-Tropez sont également associées à ce jumelage.

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