Quand Marc Archippe repeint Toulon en noir au salon du livre
Un serial-killer découpant ses victimes façon tartare, un flic pugnace et des journalistes recevant des colis piégés… L’ancien rugbyman se lance dans la mêlée du roman policier
Marc Archippe, ancien rugbyman puis chef d’entreprise, bâtit sa chapelle de papier depuis déjà de longues années. Après huit romans qui ont poli son style (des phrases longues, des dialogues percutants) et établi son propos (les questions d’identité sont omniprésentes), le voilà qui tente une incursion dans le roman noir. Une entrée fracassante – pourquoi se gêner ? – qui renvoie aux entrées en mêlée qu’affectionnait cet ancien talonneur. Montana, Dix jours à Toulon devait être un scénario, mais c’est un roman, que Sudarènes éditions (maison établie à Hyères) sort pour la fête du livre. C’était à l’origine une commande d’éditeur pour laquelle l’auteur s’est pris de passion. Avec deux postulats : « rendre » Toulon plus vraie que nature en chassant les clichés qui lui collent à la peau et les caricatures qui la peupleraient ; mettre en scène des Toulonnais réels, avec leurs vrais noms. Si la seconde option a été abandonnée, par crainte d’ennuis judiciaires, l’ambiance, elle est au rendez-vous. La basse-ville de Toulon autour du commissariat central, le quartier de la Loubière, la corniche de Tamaris à La Seyne sont décrits avec fidélité. C’est le charme, potentiellement le péril, des intrigues situées dans des lieux qui nous sont familiers. Dans cette veine des emprunts à la réalité, l’auteur pousse la vraisemblance jusqu’à donner le nom d’un vrai journaliste de Var-matin (votre serviteur, pour ne rien cacher) au chef du journal local qui reçoit le premier « colis piégé » de l’histoire. Dix jours à Toulon retrace en effet la traque d’un tueur par le commandant Francis Montana dont on vous laisse découvrir les failles. Un prédateur très intelligent qui, en envoyant des restes humains par la poste, donne des indications sur ses futures victimes. Si Toulon est une ville où le banditisme et les trafics de toutes sortes sont bien présents, elle n’avait jamais été confrontée à l’horreur que ce maniaque va faire régner. Marc Archippe a cette formule : « Le lecteur avisé risque fort de retrouver son voisin parmi les victimes, voire de s’y retrouver lui-même» pour dire l’effroi qui s’empare de la ville durant ces dix jours morbides. Les médias se mettent sur l’affaire et Montana va entamer une course contre la montre sous la pression de sa hiérarchie, comme de celle du pouvoir politique. S’il a dérogé au fond habituel de son écriture, Archippe conserve son style et sa capacité à tenir son lecteur en haleine jusqu’au dénouement.