« Allô, allô ? Je ne vous entends pas »
D’abord, il y a un appât : un appel téléphonique inabouti. Par exemple : « Allô, Allô ? Je ne vous entends pas. » Puis, ça coupe. Intrigué, voire inquiété, celui qui rappelle entend alors que le service lui sera facturé , €, puis centimes la minute. Mais il ne connaît toujours pas l’objet du mystérieux appel. Le numéro en . est largement surtaxé : « Ce sont les plus chers de la gamme », s’instruit le tribunal. Selon les enquêteurs, appels ont été passés en une semaine, depuis une seule ligne. Or, des dizaines de lignes ont été ouvertes. Puis, une voix de femmes faisait durer le suspens aussi longtemps que possible, en suggérant que la personne allait gagner un cadeau, ou bien de l’argent, €. Les gains devaient être partagés entre les participants, sauf s’ils restaient en dessous de €. Ce qui était systématiquement le cas. Un procédé « déloyal », selon l’enquête.
Regarder l’argent tomber Pour le ministère public, Alice Mazière parle d’un « système conçu de A à Z pour nuire ». « Une fois créé, vous regardez l’argent tomber. On est assis derrière l’ordinateur et on compte les billets. C’est l’ère de l’escroquerie .. » Le parquet a bien entendu les dénégations du principal prévenu. Et y répond. « Il n’y a jamais eu un gagnant. Personne ne peut gagner, car il n’y a pas d’aléas. C’est un calcul mathématique simple comme chou », oppose
la substitute du procureur. Quant au nombre de victimes, il y en aurait tellement dans toute la France qu’elles n’ont pas pu être dénombrées. « Sur un serveur, on pouvait appeler personnes à la fois. C’est la multitude minime des préjudices qui a fait vivre cinq personnes de manière grasse. »