Imbroglio autour de la pollution à Dumont
La pollution des sols du grand lycée toulonnais est-elle source de danger pour le public ? Si un classement ministériel pointe des risques, il semblerait que ceux-ci aient été surévalués
Une boulette administrative a-t-elle été à l’origine d’une surévaluation de la pollution de l’air et de l’eau dans le lycée Dumont-d’Urville? À en croire les différentes autorités contactées, oui. Mais pour comprendre tous les éléments de cette étrange histoire, il remonter dans le temps. Accrochez-vous, ça va piquer !
Tannerie et charbon
En novembre 2017, le ministère de la Transition écologique et solidaire classe l’ancien lycée de Charles Berling et de Cédric Villani dans la dernière catégorie, la « C ». Soit : « Les diagnostics ont montré la présence de pollutions qui nécessitent la mise en oeuvre de mesures techniques de gestion, voire la mise en oeuvre de mesures sanitaires. » Oh, oh. À ce moment-là, le ministère publie les résultats d’une campagne nationale pour vérifier la qualité de l’air et de l’eau des établissements scolaires construits sur d’anciens sites industriels, et « Dumont » est au fond de la gamelle. Construit sur un ancien champ de manoeuvre militaire, une ancienne gare bombardée pendant la guerre et une ancienne scierie mécanique, l’établissement toulonnais a tous les atouts pour être un joli petit nid de pollutions diverses et variées. Sans compter la proximité d’un ancien site d’extraction de charbon, d’une ancienne tannerie ou encore d’une ancienne casse automobile… En janvier 2018, Envoyé Spécial cartographie les 1247 établissements diagnostiqués. Parmi eux, 101 sont dans cette fameuse catégorie C. Dont Dumont-d’Urville… « Des parents s’en sont inquiétés… », souffle Thierry Vieusses, proviseur du lycée. Et pour cause. La Région, propriétaire des locaux, avait assuré, à la suite de prélèvements et d’études sur la qualité de l’eau conduites «sous l’autorité de l’Agence régionale de santé (ARS) », que « les sols, l’air et l’eau ont été déclarés
sans risque pour les élèves et le personnel. » Même son de cloche du côté de la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), qui a assuré la dernière phase de diagnostics en décembre 2013. Dans ces derniers, des hydrocarbures « à des concentrations voisines de la valeur toxicologique de référence » sont bien détectés dans le sous-sol, mais la dalle du lycée permet de les isoler. Pour les sols, la présence d’hydrocarbures a été relevée, mais « ila été démontré que la qualité des sols superficiels est compatible avec les usages. » Et pour le plomb ? « Deux points isolés à 310 et à 380 mg/kg ont été détectés, mais cette concentration ne présente un risque potentiel d’exposition que pour les enfants de moins de sept ans ». Soit ceux qui ont encore des envies subites de manger de la terre…
Une affaire de date
Enfin, histoire d’être sûr, l’État a quand même demandé au Conseil régional, de suivre l’évolution des « hydrocarbures aromatiques polycycliques », des résidus d’essence détectés dans l’eau. Si les concentrations observées ne présenteraient pas de risque pour la santé,
mieux vaut être sûr… Reste à savoir pourquoi Dumont s’est retrouvé dans le purgatoire des lycées pollués. «Jusqu’à la fin 2017, seuls la Dreal et l’ARS Paca géraient le dossier de cet établissement ,assure la préfecture du Var. Ainsi, les mesures de gestion estimées nécessaires par la Dreal et l’ARS Paca ont été demandées à la Région, gestionnaire du site (soit le suivi des résidus d’essence dans l’eau, Ndlr).» Mesures qui devaient permettre de reclasser Dumont dans la catégorie B. C’est-à-dire, «présence de pollution avérée mais les aménagements et les usages actuels permettent de protéger les personnes
des expositions ». Ce n’est pas la panacée, mais c’est toujours ça de pris... Et quand cette reclassification aura lieu ? La Dreal jure avoir transmis toutes les informations liées à « Dumont » au ministère de la Transition écologique et solidaire. Et assure que ce dernier a réactivé, début 2 018, le groupe de travail national devant statuer «sur les mesures mises en oeuvre par les gestionnaires des établissements classés en C et permettre un reclassement qui sera affiché sur le site du ministère. Il n’y a plus qu’à…