Var-Matin (Grand Toulon)

Imbroglio autour de la pollution à Dumont

La pollution des sols du grand lycée toulonnais est-elle source de danger pour le public ? Si un classement ministérie­l pointe des risques, il semblerait que ceux-ci aient été surévalués

- SIMON FONTVIEILL­E sfontvieil­le@nicematin.fr

Une boulette administra­tive a-t-elle été à l’origine d’une surévaluat­ion de la pollution de l’air et de l’eau dans le lycée Dumont-d’Urville? À en croire les différente­s autorités contactées, oui. Mais pour comprendre tous les éléments de cette étrange histoire, il remonter dans le temps. Accrochez-vous, ça va piquer !

Tannerie et charbon

En novembre 2017, le ministère de la Transition écologique et solidaire classe l’ancien lycée de Charles Berling et de Cédric Villani dans la dernière catégorie, la « C ». Soit : « Les diagnostic­s ont montré la présence de pollutions qui nécessiten­t la mise en oeuvre de mesures techniques de gestion, voire la mise en oeuvre de mesures sanitaires. » Oh, oh. À ce moment-là, le ministère publie les résultats d’une campagne nationale pour vérifier la qualité de l’air et de l’eau des établissem­ents scolaires construits sur d’anciens sites industriel­s, et « Dumont » est au fond de la gamelle. Construit sur un ancien champ de manoeuvre militaire, une ancienne gare bombardée pendant la guerre et une ancienne scierie mécanique, l’établissem­ent toulonnais a tous les atouts pour être un joli petit nid de pollutions diverses et variées. Sans compter la proximité d’un ancien site d’extraction de charbon, d’une ancienne tannerie ou encore d’une ancienne casse automobile… En janvier 2018, Envoyé Spécial cartograph­ie les 1247 établissem­ents diagnostiq­ués. Parmi eux, 101 sont dans cette fameuse catégorie C. Dont Dumont-d’Urville… « Des parents s’en sont inquiétés… », souffle Thierry Vieusses, proviseur du lycée. Et pour cause. La Région, propriétai­re des locaux, avait assuré, à la suite de prélèvemen­ts et d’études sur la qualité de l’eau conduites «sous l’autorité de l’Agence régionale de santé (ARS) », que « les sols, l’air et l’eau ont été déclarés

sans risque pour les élèves et le personnel. » Même son de cloche du côté de la Dreal (Direction régionale de l’environnem­ent, de l’aménagemen­t et du logement), qui a assuré la dernière phase de diagnostic­s en décembre 2013. Dans ces derniers, des hydrocarbu­res « à des concentrat­ions voisines de la valeur toxicologi­que de référence » sont bien détectés dans le sous-sol, mais la dalle du lycée permet de les isoler. Pour les sols, la présence d’hydrocarbu­res a été relevée, mais « ila été démontré que la qualité des sols superficie­ls est compatible avec les usages. » Et pour le plomb ? « Deux points isolés à 310 et à 380 mg/kg ont été détectés, mais cette concentrat­ion ne présente un risque potentiel d’exposition que pour les enfants de moins de sept ans ». Soit ceux qui ont encore des envies subites de manger de la terre…

Une affaire de date

Enfin, histoire d’être sûr, l’État a quand même demandé au Conseil régional, de suivre l’évolution des « hydrocarbu­res aromatique­s polycycliq­ues », des résidus d’essence détectés dans l’eau. Si les concentrat­ions observées ne présentera­ient pas de risque pour la santé,

mieux vaut être sûr… Reste à savoir pourquoi Dumont s’est retrouvé dans le purgatoire des lycées pollués. «Jusqu’à la fin 2017, seuls la Dreal et l’ARS Paca géraient le dossier de cet établissem­ent ,assure la préfecture du Var. Ainsi, les mesures de gestion estimées nécessaire­s par la Dreal et l’ARS Paca ont été demandées à la Région, gestionnai­re du site (soit le suivi des résidus d’essence dans l’eau, Ndlr).» Mesures qui devaient permettre de reclasser Dumont dans la catégorie B. C’est-à-dire, «présence de pollution avérée mais les aménagemen­ts et les usages actuels permettent de protéger les personnes

des exposition­s ». Ce n’est pas la panacée, mais c’est toujours ça de pris... Et quand cette reclassifi­cation aura lieu ? La Dreal jure avoir transmis toutes les informatio­ns liées à « Dumont » au ministère de la Transition écologique et solidaire. Et assure que ce dernier a réactivé, début 2 018, le groupe de travail national devant statuer «sur les mesures mises en oeuvre par les gestionnai­res des établissem­ents classés en C et permettre un reclasseme­nt qui sera affiché sur le site du ministère. Il n’y a plus qu’à…

 ?? (Photo S. F.) ?? Fin , une faible concentrat­ion d’hydrocarbu­res avait été détectée dans l’eau du lycée Dumont-d’Urville.
(Photo S. F.) Fin , une faible concentrat­ion d’hydrocarbu­res avait été détectée dans l’eau du lycée Dumont-d’Urville.

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