La Région financera bien les chantiers d’insertion
Initialement supprimées, les aides régionales aux chantiers d’insertion ont été refondues. La Région est venue présenter le dispositif à l’association Frat
Il semble bien que les chantiers d’insertion aient gagné la partie. Alors qu’en décembre dernier, la Région avait annoncé qu’elle se désengagerait du secteur sur deux ans au nom de la loi NOTRe – alors même qu’en 2016, la collectivité y injectait 7 millions d’euros –, elle assure désormais que la crise qui a secoué tout ce petit monde est maintenant derrière eux. Vendredi dernier, alors que l’association pradétanne Frat (pour « Faire la route avec toi »), présentait ses difficultés financières à plusieurs responsables politiques, Fabien Schaeffer, conseiller de Yannick Chenevard, vice-président régional en charge de l’emploi, a détaillé les aides relookées de la Région aux associations gérant ces fameux chantiers.
Critères, critères…
À la main, une délibération du Conseil régional du 16 mars 2018 dressant les contours du nouveau cadre de ces subventions. Le montant de ces dernières varie en fonction du nombre de salariés de la structure, mais l’innovation réside ailleurs. Les aides seront coupées en deux : un socle de 60 % sera versé sans conditions, tandis que le reste sera modulé en fonction de plusieurs critères, dont le taux d’insertion professionnelle des bénéficiaires des chantiers. L’argent sera alors distribué au titre du soutien à la formation ou à l’économie. Les taux d’insertion seront quant à eux évalués chaque année afin d’ajuster le montant du magot. Par contre, seuls les chantiers avec un taux de «sorties positives» de ses bénéficiaires supérieur à 40 % seront concernés par ces subventions régionales. « En dessous, on est dans le domaine de la politique sociale, ce n’est plus la compétence de la Région mais des Départements », assure M. Chenevard. Du côté du Département du Var, on glisse toutefois « qu’aucun financement en fonction des taux d’insertion n’a encore été acté… » Bon, bon, bon. Dans tous les cas, les chantiers ont jusqu’au 25 mai 2018 pour déposer leur dossier de candidature aux autorités régionales. Pour ceux retenus, un premier acompte de la subvention devrait être versé avant l’été.
Où sont les millions ?
Le dispositif doit être valable pour les deux ou trois prochaines années. À en croire M. Chenevard, il se chiffrera à 3,5 millions d’euros en 2018, avant de grimper à 4,9 millions en 2 019. «On ne pourra pas aller de nouveau jusqu’à 7 millions, l’État a diminué sa dotation à la Région de 400 millions d’euros… », pronostique l’élu. Du côté des têtes de réseaux du secteur, les avis sont mitigés. Si François Maturin, représentant varois de la Fédération des acteurs et de la solidarité Paca, salue le retour des financements, il ne peut s’empêcher de noter que ces dernières « vont diminuer de l’ordre de 25 %.» Et d’ajouter : « On est habitué à être contrôlés, c’est normal. Mais là, il y a plus de critères que ceux posés par l’État, qui assure 80 % de notre financement ! Si la collectivité ne veut plus payer, ok, mais ne faisons pas d’artifices ! »
À Frat, même si plus de 68 % des bénéficiaires ont trouvé en 2 017 un contrat de travail ou une formation, l’avenir n’est pas forcément rose bonbon. « Avant, sur un budget annuel de 670 000 euros, on touchait 43 000 euros de la Région. Là, on va monter un dossier pour demander 26 000 euros… », glisse Estelle Parandou, la directrice de l’association.