Var-Matin (Grand Toulon)

Attendu la bonne histoire»

- PROPOS RECUEILLIS PAR NATHALIE RICCI nricci@nicematin.fr

les personnage­s. Avant d’écrire, j’ai fait des mini-biographie­s de tous mes personnage­s. C’est une partie très agréable, qui peut paraître une perte de temps, mais qui ne l’est pas ; ça vous familiaris­e avec eux.

Il n’y a pas de dimension fantastiqu­e dans ce livre… Non. Mais ce n’est pas un adieu définitif. Mes livres d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que ceux d’il y a dix ans. Ils sont plus intérieurs, on est davantage dans les tourments des personnage­s. Mais je ne fais pas une croix sur le fantastiqu­e, je n’ai pas fait le tour de ce genre-là, et j’ai plein d’idées.

Le collège Saint-Exupéry de votre roman est-il inspiré du Centre internatio­nal de Valbonne (CIV) où vous avez enseigné pendant cinq ans ? Le lycée de mon roman est légèrement inspiré du CIV, puisque c’est aussi un campus à Sophia. Ça a été l’étincelle première, ensuite le romanesque s’en est emparé. Et le CIV est mieux que le lycée de mon livre !

Les références dans votre livre vont parler aux Azuréens, comme le feu de La Siesta, « le plus long du monde »… Ça m’aurait embêté que mon roman, qui se passe ici, soit superficie­l. Et s’il ne l’est pas, ce que j’espère, c’est parce qu’il est nourri de petits détails de quelqu’un qui a vécu longtemps ici, et qui y revient souvent.

Nice-Matin est très largement cité, l’un des personnage­s principaux y est journalist­e… Oui, je trouvais ça complèteme­nt débile de créer un faux journal, du genre Le Journal de la Côte, alors que lorsque l’on vit ici, le journal local, c’est Nice-Matin. Et comme je ne voulais pas qu’il y ait de policier dans ce livre, le journalist­e sert aussi d’enquêteur. Il symbolise celui qui veut faire éclater la vérité coûte que coûte. Le fait d’être très attendu des lecteurs, ça met une pression supplément­aire ? C’est un pur plaisir. Une chance. Il y a un trac mais c’est banal, c’est lié à toute activité. Dès qu’on fait quelque chose à destinatio­n des autres, on a envie que ça plaise. Quand j’écris, je me remets dans les conditions mentales qui étaient celles de l’écriture de mon premier roman, quand je ne savais même pas si j’allais être publié. Et j’ai cette chance de pouvoir prendre mon temps : le roman ne sort qu’au moment où j’en suis satisfait.

Nouveau livre, nouvelle maison d’édition, aussi : Calmann-Lévy, après  romans chez XO… Dans des activités liées à la création, on a besoin de se mettre en danger, de quitter sa zone de confort, de prendre des risques, de stimuler sa créativité. Et parfois, ça passe par le fait de travailler avec d’autres personnes. Chez Calmann-Lévy, qui est l’une des plus anciennes maisons d’édition de France, j’avais la possibilit­é de travailler avec ma première éditrice, qui a mon âge, avec laquelle je m’entends bien. À un moment, tous les feux étaient au vert.

Vous accordez de l’importance au livre en tant qu’objet… J’aime qu’il y ait une adéquation entre l’histoire et la couverture. Là, j’avais en tête les destins de personnes, les sillons du souvenir, les rides… Et on a trouvé cette couverture qui est nervurée. Ce sont des petits détails mais j’aime tellement, quand je lis, avoir un bel objet dans les mains…

Vous avez enseigné pendant dix ans. Ça vous manque, cette idée de transmissi­on ? Oui. Car il y avait un sens très concret dans le fait d’enseigner. J’avais vraiment choisi d’être enseignant, alors qu’à l’époque j’avais réussi d’autres concours administra­tifs. Je pense que j’y reviendrai un jour, sans doute sous forme d’ateliers d’écriture. C’est quelque chose que je ferai dans les dix ans qui viennent.

Vous commencez tous vos chapitres en citant un auteur. C’est aussi une manière de transmettr­e ? Exactement. C’est quelque chose que j’ai toujours fait, parce que j’aime l’idée qu’un livre en entraîne un autre, qu’un livre entraîne un film ou une chanson. C’est ce côté arachnéen qui fait que j’aime la culture sous toutes ses formes. Quand j’aime un roman, un film, mon plus grand plaisir, c’est de le conseiller pour qu’ensuite on échange. J’aime discuter avec quelqu’un qui n’a pas les mêmes points de vue. Se frotter à des idées différente­s, on en ressort toujours enrichi.

Votre frère, Valentin, est également écrivain… Je lis les livres de mon frère, mais on a pris le parti de ne pas énormément discuter de nos travaux respectifs. Quand on se voit, c’est ici, à Antibes, on a tous les deux des enfants en bas âge, il y a nos parents, notre troisième frère, aussi… La vie de famille prime sur le boulot. Il faut se ménager des espaces. Moi, je n’écris jamais chez moi. Mon appartemen­t, c’est le temps de la famille. J’ai un bureau dans Paris, pour écrire. Tous les matins, j’accompagne mon fils à l’école et je vais travailler. J’aime cette idée de structurer mes journées. Quand j’étais prof, l’écriture était partout, cannibalis­ait tout et c’était incompatib­le avec une vie de famille. J’ai pris conscience que ça ne pouvait pas durer, j’ai appris à articuler, pour pouvoir continuer à beaucoup écrire tout en ayant une vie familiale. Est-ce que vous pensez déjà à votre prochain livre ? Pour la première fois, je ne sais pas quel va être mon prochain livre. Celui-ci me tenait vraiment à coeur. Je vais beaucoup m’investir dans sa promotion, parce que j’ai envie de faire de la sortie de ce livre un moment agréable. J’ai toujours un réservoir d’idées, d’embryons d’histoires en tête. Mais un roman réussi, c’est avoir une bonne idée d’histoire autant qu’être dans un moment de votre vie où vous allez pouvoir la traiter de la manière la plus juste possible. Depuis longtemps, on me sollicite pour écrire une série télé, et pas une adaptation. J’ai à la fois très envie de cela et très envie d’écrire un nouveau livre, parce que c’est vraiment ce qui me fait vibrer. D’autant que je viens d’avoir une petite fille qui a quatre mois, Flora [à laquelle est dédicacé ce livre, Ndlr]. Voilà à quoi était consacrée cette dernière année : deux bébés, le livre et Flora.

Les livres sont vraiment des bébés ? Non, absolument pas. Avant d’avoir des enfants, je disais que mes livres étaient comme mes enfants. Mais quand on devient père, on se dit que c’est complèteme­nt stupide. J’adore mes livres, mais je ne vais pas faire l’affront à mes enfants de dire que mes livres sont leurs petits frères ou petites soeurs. (rires)

J’écris des thrillers intimes ”

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