Des usagers attaquent
Mi-mars, un motard a eu un accident au niveau d’un ralentisseur de La Garde qui serait nonrèglementaire. Deux associations réclament la mise aux normes des ralentisseurs métropolitains
Censés réduire la vitesse, de nombreux dos d’ânes et autres coussins berlinois ont été installés dans toute la métropole.
Problème : certains ne seraient pas aux normes et se révèlent dangereux pour les deux-roues.
En ce 13 mars, Cyrille Tochon aurait bien évité cette petite acrobatie. Entre 9 h 30 et 9 h 45, ce vendeur de prêt-à-porter pilote son scooter Piaggio 500 MP3. Il revient d’une prise de sang, la journée s’annonce presque banale. Mais quand il déboule sur la montée du Thouar, à La Garde, il se transforme en rocket man. Arrivé au niveau du ralentisseur faisant face au cimetière, son tricycle à moteur ne va certes pas dans la stratosphère, mais voltige, tandis que l’apprenti cosmonaute retombe… 10 mètres plus loin !
cm de bonheur
« Je suivais une voiture et je n’ai pas vu le dos-d’âne. Quand je me suis aperçu que l’automobiliste freinait, c’était trop tard, tout s’est joué en une seconde, se souvient Cyrille Tochon. Mon scooter de 250 kg a décollé et j’ai glissé sur le côté avant d’être un temps inconscient… » Les pompiers sont rapidement prévenus et emmènent le malheureux à l’hôpital Sainte-Musse. Il y reste deux jours. Les dégâts sont assez importants : « J’ai notamment eu un arrachement osseux de la rotule et été brûlé au deuxième degré sur le côté droit», liste le Valettois, qui a eu cinq jours d’incapacité totale de travail. Le pire a cependant été évité… « Je suis tombé sur la tête, et l’avant dernière couche du casque a été atteinte ! Les pompiers ne me l’ont pas enlevé. Je suis un miraculé ! » Niveau matériel, le Piaggio aux fourches complètement enfoncées a dû se faire payer 6 500 euros de ravalement de façade. « Et je l’avais acheté 10000 euros en 2017 ! », précise l’accidenté. Pour ce motard, la cause de son accident n’est autre que l’état de ce fameux ralentisseur gardéen. « Je n’étais pas à 30 km/h, c’est vrai, reconnaît-il. Mais je ne roulais pas à 100 non plus ! Le ralentisseur était mal annoncé, les lumières au sol ont été installées après mon accident. Les triangles blancs au sol annonçant le dénivelé ne sont pas visibles et surtout, il est trop haut ! » À son plus haut niveau, le ralentisseur mesure en effet plus de 20 cm. Or, la réglementation française limite la taille de ces ouvrages à… 10 cm( lire ci-dessous)! Patrick Gaulmin, l’avocat de M. Tochon, confie aussi, en citant les chiffres du Conseil départemental, que le ralentisseur est construit sur une route, la RD86, connaissant un trafic de plus de 10 000 véhicules par jour. Or, toujours selon les règles, ces ralentisseurs ne doivent pas être bâtis sur des voies avec une circulation quotidienne de plus de 3 000 véhicules. Sur le fondement de ces violations, Me Gaulmin compte déposer dans la semaine un référé devant le tribunal administratif de Toulon. Le but : faire expertiser les blessures de son client et faire condamner Toulon-Provence-Méditerranée, responsable de la voirie des communes composant la Métropole, à payer une provision de 5000 euros.
Dessert
Et cette affaire ne pourrait être qu’une entrée. Pour le plat de résistance, la Fédération des motards en colère 83 (FFMC83) et l’association Pour une mobilité sereine et durable (PUMSD) ont prévu du lourd, dans le genre cassoulet. Leur avocat, l’inoxydable Patrick Gaulmin, a envoyé la semaine dernière à TPM une demande préalable de mettre aux normes ou de détruire les ralentisseurs illégaux dans la métropole. « Tous le sont, ils doivent être 500 ! », lance Thierry Modolo, président de PUMSD. Pour le dessert, ils envisagent de se tourner vers les ralentisseurs relevant du Département. Ce dernier a déjà lancé un audit interne pour « identifier » ces ouvrages… Vous reprendrez bien une part ?