Des caméras contre le stationnement anarchique
Pour lutter contre le stationnement anarchique, qui paralyse régulièrement les environs de la gare SNCF, la municipalité a opté pour la vidéoverbalisation. Une première à Toulon
Porter les valises de bellemaman jusqu’au quai, acheter un paquet de cigarette, échanger un billet de train… Il y a mille raisons de vouloir se poser « juste cinq minutes » devant la gare, autour de la fameuse fontaine de la place Albert-Ier. Sauf que désormais, cette mauvaise habitude pourrait vous coûter cher. Et cela, sans même voir l’ombre d’un uniforme à l’horizon. À l’instar d’autres communes de la région, Toulon vient de mettre en place la vidéoverbalisation sur ce secteur précis uniquement. Explications.
Pourquoi à cet endroit ?
Le périmètre retenu pour la mise en place du dispositif est la place Albert-Ier, juste en face de la gare SNCF de Toulon. Un secteur très passant, véritable noeud routier emprunté par les automobilistes circulant d’est en ouest et du sud au nord de la ville. En outre, de nombreuses lignes de bus desservent les abords de la gare. Problème : au moment des départs et arrivées des trains – TGV notamment –, la place prend des allures de « dépose-minute sauvage », ce qui paralyse totalement le quartier. Un phénomène particulièrement marqué les vendredis et dimanches en début de soirée.
Comment ça marche ?
La ville est déjà parsemée de près de 300 caméras de vidéosurveillance, visionnées en temps réel par la police municipale dans son « centre de supervision urbaine ». C’est ce type de caméras qui est utilisé pour la vidéoverbalisation. Les caméras sont dirigeables à distance et capables de zoomer suffisamment pour déchiffrer la plaque d’immatriculation.
Comment saura-t-on que l’on a été verbalisé ?
Par courrier, comme pour une contravention de type « radar ». Lorsque l’infraction sera constatée à distance par un policier sur son écran de contrôle, celui-ci réalisera une capture d’écran et dressera la contravention. Le PV est ensuite expédié par le centre national de traitement, situé à Rennes. En cas de contestation, il sera possible d’obtenir l’image à l’origine de la verbalisation.
Quelles infractions sont concernées ?
« Le but n’est pas de faire du chiffre, mais de sanctionner les abus », assure Benoît Pelletier, conseiller municipal délégué au numérique et à l’informatique. En clair, un
arrêt de quelques secondes pour faire sortir un passager ne devrait pas être sanctionné. En revanche, un arrêt de plusieurs minutes pour accompagner quelqu’un sur le quai ou aller faire ses courses risque de se solder par une amende. « Mais nous comptons surtout sur l’aspect dissuasif », indique encore l’élu qui rappelle que de grands panneaux d’informations ont été apposés. « S’il n’y a pas d’infraction et donc pas de verbalisation… tant mieux », ajoute encore Benoît Pelletier. Il faudra attendre quelques mois pour obtenir un premier bilan chiffré.
Quel plan « b » pour se poser ?
Si le stationnement « sauvage» prospère du côté de la gare, c’est que les solutions « licites » pour poser sa voiture ne sont pas toujours évidentes. Outre la demidouzaine de places de déchargement sur le parvis de la gare, il y a un parking relais, situé dans le prolongement de la gare. Mais sa capacité se révèle régulièrement insuffisante. De plus, la sortie étant régulée par un feu, certains usagers sont parfois coincés au-delà des quinze minutes gratuites. Sinon, il reste le « système D»: trouver une place boulevard de Tessé ou dans les rues environnantes. Certains tournent dans le quartier en attendant l’arrivée du passager. D’autres tentent même un stationnement « sauvage » à l’intérieur de la gare routière. Inutile de préciser que cette dernière option est également interdite.
Le dispositif va-t-il s’étendre ?
« Non », affirme sans détour Benoît Pelletier. Selon l’élu, cette solution vient en réponse à « un problème spécifique » et n’a pas vocation à se généraliser. D’autres communes ont, elles, un recours pour le moins intensif au système. C’est le cas de Cannes, où l’on sanctionne le stationnement irrégulier, mais aussi le franchissement de lignes blanches ou l’absence de ceinture de sécurité.