Var-Matin (Grand Toulon)

La police fait sauter les procès-verbaux de  Varois

En contrepart­ie, les contrevena­nts ont suivi un stage de sensibilis­ation à la sécurité routière hier à Six-Fours. Le témoignage d’un accidenté de la route a fait l’effet d’un électrocho­c

- ERIC MARMOTTANS emarmottan­s@nicematin.fr

Feux rouges et stops non respectés, défauts d’équipement­s, franchisse­ments de ligne blanche, excès de vitesse… L’autorité judiciaire a consenti à passer l’éponge sur les infraction­s commises par cent quarante conducteur­s de deux-roues, pris en faute ces dernières semaines à Six-Foursles-Plages par les polices nationale et municipale. En contrepart­ie, les contrevena­nts ont dû accepter de suivre un « atelier pédagogiqu­e » organisé hier par la Maison de la sécurité routière (1). « L’idée, c’est de provoquer une prise de conscience sur l’absurdité qu’il y a à se mettre en situation de devenir donneur d’organes, justifie Bernard Marchal, procureur de la République à Toulon, c’est une mesure d’éducation civique. » Ce type d’opération est organisé une ou deux fois par an à la demande de la préfecture, précise le magistrat contacté par Var-matin.

Piqûres de rappel et témoin choc

Une véritable aubaine pour ces motards de tous âges (et toutes cylindrées), mais aussi des dizaines d’adolescent­s à scooter, qui échappent aux amendes et, le cas échéant, aux points en moins. « Leur chance, c’est que ce qu’ils ont fait n’a pas entraîné de drame, corrige Thierry Le Grand, adjoint à la cheffe du bureau de la sécurité routière (préfecture). Or, dans nos métiers, on sait que quelquefoi­s, ça se termine mal .» Pour en prendre la mesure, les conducteur­s convoqués hier à la salle municipale Scarantino à Six-Fours ont d’abord reçu des piqûres de rappel – distances de freinage, vulnérabil­ité en deux-roues, temps de réaction, etc. – administré­es par des intervenan­ts de la Maison de la sécurité routière et de la CRS autoroutiè­re Provence. Enfin, après un sermon prononcé par le commissair­e divisionna­ire José Casteldacc­ia, n°2 de la police nationale dans le Var–« on ne fait pas de contrôle pour le plaisir, si vous êtes là, c’est à cause de votre comporteme­nt » –, les conducteur­s ont été plongés dans les coulisses, photos à l’appui, du service du Dr Hubert Tournebise, chef du service de réadaptati­on de l’hôpital Renée-Sabran à Hyères. Mais aussi dans l’intimité de Thomas, 27 ans, le témoin choc de la journée d’hier. « Je suis là pour leur raconter l’invisible, la tristesse de ma famille, les galères du quotidien… », nous confie le jeune homme, cloué sur un fauteuil roulant suite à un accident de la route en 2011 (téléphone au volant). « Dans mes paroles, je reste cru », prévient-il. « Je ne peux plus faire l’amour. Je vais à la plage, je reste sur l’esplanade et je regarde les papas jouer avec leurs enfants », lancera-t-il, entre autres détails sur sa « vie d’après », à un auditoire sidéré. Et le Dr Tournebise de conclure : « Le but, c’est de faire comprendre que les règles servent à quelque chose. » Il n’y aura peut-être pas de seconde chance. 1. Une structure créée par la préfecture et le conseil départemen­tal.

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(Photo Valérie Le Parc) L’opération « alternativ­e aux sanctions » s’est tenue hier à Six-Fours. Le témoignage de Thomas, paraplégiq­ue de  ans, avait vocation à provoquer « une prise de conscience ».

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