La mode en étendart
Revendications féministes, préoccupations environnementales, rêve d’un monde plus doux ou plus extravagant : les dix collections présentées au festival d’Hyères sont bien ancrées dans leur époque
Dix finalistes, dix collections, dix univers complètement différents mais un seul objectif pour ces dix jeunes créateurs de mode venus du monde entier: convaincre le jury, impressionner les professionnels, les journalistes et autres influenceurs venus découvrir leur travail. Hier matin, c’était l’heure des auditions à la villa Noailles qui accueille jusqu’à lundi la 33e édition du Festival international de mode, de photographie et d’accessoires de mode d’Hyères. Et l’on a découvert la créativité sans bornes, l’engagement profond, les sources d’inspiration multiples de ces jeunes talents prometteurs aux préoccupations et aux revendications bien ancrées dans leur époque: recycler plutôt que produire encore, exiger le droit à la différence, celui d’être ronde par exemple. Se battre donc, mais expérimenter, inventer et rêver aussi, imaginer un monde meilleur et ne jamais oublier ses racines, la famille souvent citée.
Luxe et récup’
C’est une jeune allemande, Regina Weber, qui a lancé la présentation, avec une collection intitulée Fleur Invader, un travail remarquable avec de vraies fleurs emprisonnées dans le silicone et une réflexion sur l’évanescence de la beauté. Les paillettes, rayures et couleurs flashys de la Finlandaise Anna Isoniemi – Racing Stripes – directement inspirées de la mode futuriste des années 1960 et des courses automobiles ont suivi sur le catwalk, avant l’impressionnant et remarqué travail des matériaux (nylon, cuivre, fibre de verre…) proposé par le néerlandais Jef Montes, avec Tormenta ,une collection inspirée de l’univers sombre et tumultueux de la mer. Encore la mer avec la collection homme
Fish or fight du duo néerlandais Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh, un hommage éclaboussant de couleurs au style caribéen doublé d’une brillante démonstration dans l’art du détournement de vêtements. La Finlandaise Linda Kokkonen a proposé une collection en rouge et noir, entièrement composée de matériaux de récupération, une préoccupation environnementale partagée par Manuela Fidalgo (Earthwork), une jeune Espagnole dont les silhouettes puissantes ont été très remarquées.
Plaidoyer pour les rondes
Très remarquée et applaudie aussi,
la collection revendicatrice de la Française Ester Manas, Big Again, est un plaidoyer pour «le droit de toutes les femmes à se sentir bien dans un vêtement».
Le travail des cuirs et les jeans (en denim recyclé) de la canadienne Marie-Eve Lecavalier, sobres mais très travaillés, le monde imaginaire de la Belge Sarah Buylant avec ses créations extravagantes – Meet me
in a another world – et la collection homme Communication tube de la Russe Antonina Sedakova ont achevé ce premier show. Comme une répétition générale et très prometteuse avant le premier défilé, hier soir dans le hangar de la Mouture, au salin des Pesquiers. Et en attendant, dimanche soir, le verdict du jury présidé par le créateur Haider Ackermann.