Var-Matin (Grand Toulon)

Fernand Augias se souviendra toujours du  mai 

- Y. S.

Les commémorat­ions de l’armistice du 8 mai 1945 n’ont pas la même résonance pour tout le monde. Dans la campagne moutonnais­e, Fernand n’a rien oublié de cette guerre qui emporta ses vingt ans dans son tourbillon. Un tourbillon qui prit fin en deux temps. Le premier chapitre fut en août 1944. Le Craurois détaille : «Un vacarme terrible, des bruits de chenilles du côté du Chemin Long. Avec mon frère Charles, on descend et on voit une colonne de véhicules avec un char en tête qui s’arrête à notre hauteur. On pensait trouver des Américains, c’était des Français ! » Avant d’ajouter: «L’équipage nous demande où ils peuvent trouver des Allemands dans le coin. On savait qu’il y en avait au Château Jaune mais ils l’avaient déjà dépassé. Du coup, ils ont continué leur chemin. Ce char, c’était le char “Verdun”, celuilà même qui fut détruit à La Valette le lendemain et dont une réplique rappelle là-bas le souvenir! Peu après, on est allés au Château Jaune, a priori les Allemands avaient déguerpi précipitam­ment. Dans une tranchée se trouvaient des fusils Mauser et à l’intérieur de la bâtisse, une quinzaine d’assiettes avec encore des betteraves. » Pour Fernand, la libération marque la délivrance d’une certaine angoisse. En effet, réquisitio­nné au titre du STO (Service du travail obligatoir­e), il fut contraint de travailler en Allemagne, à Dresde. À la suite d’un souci de santé et grâce à une Française mariée à un Allemand, il part en convalesce­nce chez lui juste avant le bombardeme­nt de la ville et, le délai expiré, n’y retournera pas malgré les injonction­s de la Kommandant­ur qui finit par l’oublier. « Mais bon, j’étais toujours sur mes gardes. Quand je voyais un Allemand au loin, je changeais de chemin ». Le jour de l’armistice ? « Et comment que je m’en souviens ! J’avais la sulfateuse dans les mains quand d’un coup, on a entendu les cloches de La Moutonne sonner. J’ai tout jeté par terre et j’ai dit à mon père : “Tu finiras de sulfater ! ” Avec Charles, on a enfourché nos vélos et on est partis à Hyères. Il y avait des cérémonies, c’était la fête. La guerre était finie, enfin!» Sauf qu’une semaine après, Fernand sera mobilisé avec sa classe, «habillé d’une chemise allemande, un pantalon anglais et un blouson américain!» avant d’être finalement renvoyé chez lui, dans cette même maison familiale où il fêtera ses 96 ans… le 11 novembre prochain !

 ?? (Photo Y. S.) ?? Témoin d’une époque, Fernand a conservé un permis de conduire en allemand délivré par les autorités nazies pendant sa période du STO, Outre-Rhin.
(Photo Y. S.) Témoin d’une époque, Fernand a conservé un permis de conduire en allemand délivré par les autorités nazies pendant sa période du STO, Outre-Rhin.

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