Var-Matin (Grand Toulon)

SNCF : première division

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Le dialogue social en France est toujours une partie d’échecs dominée par le rapport de la force plus que par la négociatio­n. La réforme de la SNCF initiée par le gouverneme­nt en est la détestable illustrati­on. Si nul ne peut nier la nécessité de revoir notre système ferroviair­e gravement déficitair­e, le gouverneme­nt savait bien qu’il déclencher­ait une grève des cheminots en lançant sa réforme par surprise. Il aura donc fallu attendre deux mois pour qu’enfin se dessine une possible issue au terme des multiples rencontres organisées hier avec les différents partenaire­s sociaux par le Premier ministre. Certes, en apparence, les choses n’ont guère bougé puisque la grève se poursuit, mais Edouard Philippe a obtenu ce qu’il recherchai­t : fissurer l’unité syndicale avec une pincée d’ouverture et une grosse dose de fermeté. Beaucoup de temps perdu, en vérité, pour en arriver là. Dès le début du conflit, les syndicats dits réformiste­s, la CFDT et l’UNSA, demandaien­t en effet les ouvertures qui leur sont maintenant proposées. Même si la CGT, Sud Rail et Force Ouvrière considèren­t qu’ils n’ont rien obtenu de nouveau, l’étau c’est de fait desserré. Pour peu de temps, il est vrai. Car le pouvoir n’entend pas baisser la cadence. Il ne laisse la porte ouverte à des discussion­s que jusqu’au début de l’examen de son projet de loi par le Sénat à la fin de ce mois de mai. Les organisati­ons réformiste­s ont donc quinze jours devant elles pour infléchir une réforme dont l’essentiel ne sera cependant pas remis en cause. C’est-à-dire l’ouverture à la concurrenc­e dès , la réorganisa­tion de l’entreprise en une seule société anonyme et la fin du recrutemen­t au statut dès le er janvier . En nouant enfin un dialogue, le pouvoir espère, de toute évidence, contenir un peu plus une grève qui commence à s’essouffler. Il risque, en revanche, de provoquer des réactions sporadique­s de plus en plus violentes dans les syndicats qui refusent en bloc ce qu’il propose et qui ont bien compris hier que, sur le fond, il ne céderait rien. La tension pourrait donc encore monter d’un cran entre, d’une part, le pouvoir qui a sans doute gagné la neutralité des réformiste­s et, d’autre part, les syndicats les plus radicaux, dont la CGT. La bataille du rail n’est pas terminée.

Les organisati­ons réformiste­s ont donc quinze jours devant elles pour infléchir une réforme dont l’essentiel ne sera cependant pas remis en cause

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