Var-Matin (Grand Toulon)

MICHAEL MADSEN « Un gentil dans un corps de brute »

- FRANCK LECLERC

S ous les bagouzes, deux doigts pansés. Michael Madsen s’est méchamment esquinté avec une scie à bois. Sitôt recousu, il a photograph­ié ses 54 points de suture qu’il s’empresse d’afficher sur l’écran de son smartphone : plus gore, tu meurs ! Digne de Reservoir Dogs ou de Kill Bill. D’ailleurs, ce dur tournera en juin dans le prochain Tarentino, Once Upon

a Time in Hollywood, où sont aussi attendus Brad Pitt et Leonardo DiCaprio. Mais le très francophil­e acteur américain est ici pour Trunk, du jeune réalisateu­r breton Benjamin Goalabré. Sombre polar dont l’action débute dans le coffre d’une voiture: kidnapping, chantage, angoisse: il faut sauver sa peau. Ce film, Madsen l’a rejoint un peu par amitié et beaucoup par hasard. « Benjamin cherchait quelqu’un pour jouer le rôle du frère de William Baldwin. Comme William est mon pote, il lui a parlé de moi. Benjamin a répondu:‘‘T’es fou, jamais je ne l’aurai !’’ J’avais un peu de temps libre, je me suis précipité. Tout le monde dans le métier sait que j’adore tourner en Europe, et tout particuliè­rement à Paris. J’aime l’esprit du cinéma français. » Ainsi l’a-t-on vu en « guest » au côté de Kev Adams, dont il n’avait jamais entendu parler, ou dans des production­s de Gilles Lellouche et de Laurent Baffie. Peu importe la dimension ou le cachet, il n’a pas peur de se mouiller. Quel drôle de bonhomme est ce Michael pour faire les sales types au cinéma ? « J’ai rencontré Robert Mitchum au Canada et Jane Fonda m’a parlé de Lee Marvin. Ces deux acteurs, dont les films ont marqué ma jeunesse, étaient dans la vie des hommes très doux, polis,

charmants. Comme l’était mon père, très costaud, pompier volontaire. Moi aussi, je suis un vrai gentil dans un corps de brute. » Quand une comédie lui fait de l’oeil, ce

comédien ne se fait pas prier. «Je n’ai pas envie de jouer la violence jusqu’à la fin de mes jours. Reservoir Dogs et Kill

Bill m’ont un peu catalogué. Toutes sortes de personnage­s peuvent m’attirer, dès lors qu’il y a un potentiel à creuser. Seulement, les rôles bien écrits, ça ne court pas les rues. C’est même chaque jour un peu plus difficile à trouver. » Ici, Madsen se sent comme un poisson dans l’eau. D’autant que cette année, il échappe à toute pression. «Ma première fois à Cannes, c’était avec Quentin. Les limousines, le rush, les flashs, les photograph­es qui hurlent votre nom: dément. J’avais l’impression d’être les Beatles ! »

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