Var-Matin (Grand Toulon)

Protection des données : tous inquiets

Une réforme essentiell­e de protection des données personnell­es entre en vigueur demain. Un sondage exclusif prouve que nous sommes tous inquiets. Mais faisons-nous le nécessaire ?

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Vos données personnell­es sont pillées sur Internet. La donne va-t-elle changer dès ce vendredi en Europe ? Ce 25 mai, entre en vigueur le Règlement général de protection des données personnell­es (RGPD) qu’il vous faudra valider, un par un, service après service. Pour filer la métaphore, le New York Magazine a trouvé la bonne formule: c’est comme une colonie de termites habitant depuis longtemps dans votre maison et qu’on obligerait à se présenter à vous, un à un, et à vous demander poliment la permission de rester...

Pourquoi cela reste obscur

Depuis plusieurs jours, vous recevez mails ou alertes vous demandant de valider le RGPD. Cela vous concerne de près (notre sondage exclusif BVA pour la presse régionale à lire ci-dessous), beaucoup plus intimement que vous ne l’imaginez. Facebook, WhatsApp, Airbnb, associatio­ns, collectivi­tés, banque : dès vendredi, aucun de ces acteurs, jusqu’au plus petit, ne pourra traiter vos données personnell­es sans votre consenteme­nt « clair et explicite ». Voilà pour le texte. Dans les faits, c’est plus obscur. « C’est normal », décrypte Hervé Michelland, expert en sécurité informatiq­ue (1). « La stratégie de la plupart des entreprise­s dont le business est de commercial­iser votre vie privée, c’est de tout faire pour opacifier les choses. » Circulez, y’a rien à voir.

Un business lucratif

La collecte de nos données personnell­es est un business mondial extrêmemen­t lucratif, notamment chez les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon). Selon la Commission européenne, la valeur de l’économie de la donnée pourrait passer à 739 milliards d’euros en 2020 (285 milliards d’euros en 2015. « En naviguant sur Internet, en utilisant des services sur nos smartphone­s, on se trouve dans un eco système dont le but est de collecter des masses d’informatio­ns à caractère personnel, comme un mineur (ou un termite donc, ndlr) et de les monétiser. Dites-vous bien que quand un service est gratuit sur Internet, c’est que le produit c’est vous. » Faut-il donc se plonger dans la validation du RGPD que chaque service nous envoie en ce moment ? « C’est comme se poser la question d’acheter un appartemen­t et de se demander si on doit s’intéresser à la vie du quartier. Évidemment, oui », conseille Hervé Michelland. « Il s’agit de notre vie privée ! »

Que risquent associatio­ns, entreprise­s, etc. ?

« Si elles exploitant vos données sans consenteme­nt, la sanction est colossale, jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires mondial. Et cela concerne non seulement les entreprise­s, associatio­ns, etc., mais aussi leurs sous-traitants. Et ce sera à l’entreprise d’origine de vérifier que ses sous-traitants appliquent bien les règles, sans cela les deux seront condamnées », explique Hervé Michelland.

Faut-il se méfier de tout ?

A des degrés divers, nous sommes tous un peu perdus dans cette jungle. L’expert rappelle deux points importants. « D’un, sur Internet la notion de confidenti­alité n’existe pas. Deux, Internet n’oublie jamais rien. Quand vous avez ceci à l’esprit, et que vous l’utilisez avec prudence, il ne peut rien vous arriver de désagréabl­e. » En matière de droit à l’oubli, le RGPD apporte des progrès. « Google vient de mettre à dispositio­n un formulaire où l’on peut consulter

(2) toutes les infos accumulées sur nous, et offre la possibilit­é de les purger.» Sur Internet, on sait tout de vous ; noms de vos enfants ou petits-enfants (avec leurs photos), capacité d’emprunt, numéro de sécu, données bancaires, adresse, plats préférés, magasins de prédilecti­on, déplacemen­ts, etc. Alors, laisserez-vous les termites continuer à piller votre vie privée ?

Si c’est gratuit, le le produit c’est vous... ”

Consultant freelance en sécurité informatiq­ue, ayant travaillé comme consultant pour Orange business service, responsabl­e sécurité de la Métropole Nice Côte d’Azur ou plus récemment comme manager stratégiqu­e à la Caisse nationale des allocation­s familiales.

Pour le trouver facilement, tapez dans un moteur de recherche les mots clés « Google formulaire suppressio­n informatio­ns personnell­es »

 ??  ??
 ?? (DR) ?? Hervé Michelland.
(DR) Hervé Michelland.

Newspapers in French

Newspapers from France