Droits des femmes : « Éduquer, informer et éviter la précarisation »
Rencontre avec la présidente du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) du Var. La Hyéroise est investie depuis 36 ans pour un combat au quotidien
«Il n’y a pas de fumée sans feu ». Pour Claudine Richard, présidente du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), cette expression doit être bannie du vocabulaire, à l’instar des « c’est elle, elle l’a bien cherché », ou « on n’a pas l’idée de s’habiller aussi court ». Investie depuis 36 ans dans la défense des droits des femmes, la Hyéroise lutte contre tous types de violences. Avec pragmatisme et sans extrémisme.. Lors de l’assemblée générale qui s’est déroulée à Hyères (2), le centre a détaillé le bilan et les actions à venir.
Quelles sont les missions du CIDFF dans le Var ? Nous avons quatre mots clefs : accueillir, informer, accompagner et orienter. Si notre siège local est à Hyères l’antenne a été créée en -, nous disposons de près d’une quinzaine de permanences juridiques (droit de la famille, succession...) et de permanences réservées à l’emploi dans l’ensemble du département. Le CIDFF est également un organisme de formation dans le cadre des problématiques liées aux femmes et à la famille.
Concrètement, en , vos actions ont touché combien de personnes ? À titre d’exemple, personnes ont été informées à titre individuel. Plus de % d’entre elles prenaient contact pour la première fois avec le CIDFF et % étaient âgées de moins de ans. Plus de la moitié se trouvait dans des situations précaires : des femmes seules et sans emploi. On fait aussi un constat : il existe une plus grande précarité dans le moyen Var. En milieu rural, les femmes ont un cruel besoin de reconversion. Elles sont alors confrontées à un problème de garde d’enfants et de logements. De nouveaux points d’accès au droit ont notamment ouvert au Luc et au tribunal de Toulon ... Effectivement, de nouvelles permanences juridiques sont proposées à Cavalaire, au Luc, à Cogolin et au sein même du tribunal de grande instance de Toulon. Être au sein même du palais de justice est une véritable reconnaissance. Tout est ensuite une question d’équilibre pour continuer à proposer de nouveaux points d’accueil, tout en maintenant le niveau financier de notre centre ; sachant que le CIDFF compte salariés.
On parle de violences sexistes et conjugales. Les mentalités évoluent-elles ? Malheureusement, il est nécessaire d’informer sans cesse. Il s’agit surtout d’éducation et d’une certaine forme de radicalisme. À Fréjus, nous avons été confrontés à des cas sensibles. De très jeunes filles étaient promises à des mariages, à une vie à l’écart de tout milieu professionnel. Notre rôle est d’expliquer à ces jeunes qu’une femme a autant de droits que l’homme et qu’il n’est pas normal d’arrêter ses études pour élever des enfants.
Quant à l’IVG et au sida ? La vigilance doit demeurer. Rien n’est jamais acquis. Les plus jeunes ont tendance à banaliser. Il y a d’un côté la pilule du lendemain, mais de l’autre un retour à une certaine forme d’ordre moral. Voilà pourquoi des actions sont menées au sein des établissements scolaires. L’apprentissage du respect de l’autre et de la vie en société doit se faire dès l’enfance. L’an dernier, treize journées d’interventions ont été proposées auprès de classes (e, seconde et première).