Var-Matin (Grand Toulon)

Suta : au revoir et merci !

Le deuxième ligne, qui a mis fin à sa carrière, peut nourrir quelques regrets après cette saison gâchée par une blessure et deux éliminatio­ns prématurée­s

- PAUL MASSABO

Son bail de dix ans avec le RCT vient de se terminer. Jocelino Suta tire sa révérence et met - apparemmen­t définitive­ment - un terme à sa carrière de joueur. Il ne devrait pas répondre favorablem­ent aux sollicitat­ions de club du coin. Victime à l’entraîneme­nt d’une rupture du tendon d’Achille il y a trois mois (c’était le 20 février), le deuxième ligne a depuis été opéré et se remet doucement de son interventi­on. Il a entamé sa rééducatio­n depuis plusieurs semaines déjà et sera une bonne partie du mois de juin du côté de Cap Breton pour se remettre sur pied. Par la suite, il sera toujours à temps de penser aux vacances en famille avec son épouse Cynthia et ses deux enfants de 9 et 3 ans, tous deux nés à Toulon. « Ce sont mes plus beaux trophées » lâche en souriant ce papa gâteau devant son fils et surtout sa petite fille qui le mènerait, diton ça et là, par le bout du nez.

Le grand frère du vestiaire

« Ce matin, j’ai vidé mon casier. Ça faisait bizarre après ces dix saisons en rouge et noir. Il reste encore quelques affaires et à écrire une dédicace sur la photo pour Luc le Belge », confie-t-il avec nostalgie. Arrivé de Mont-de-Marsan réservé et discret, il a pris de plus en plus d’assurance au fil des ans. À tel point qu’il fait figure de grand frère au sein de l’effectif. Son autorité morale au sein du vestiaire transpirai­t. Respectueu­x, il était respecté de tous. Et s’il n’a toujours pas digéré les éliminatio­ns prématurée­s du RCT tant en coupe d’Europe qu’en Top 14, il n’oublie pas pour autant de remercier toutes les personnes avec lesquelles il a travaillé des années durant. « Je veux adresser un grand merci d’abord à ma femme, aux joueurs, bien sûr, mais aussi au président, à l’ensemble des staffs, aux intendants, au personnel administra­tif… » Touché par ses adieux lors de la victoire face aux Castrais lors du dernier match à domicile de la phase régulière, l’ancien partenaire des Bakkies Botha, Ali Williams et bien d’autres, voue une admiration sans borne à Carl Hayman. « De tous les joueurs que j’ai côtoyés, dont quelques monstres, celui qui m’a le plus impression­né reste Carl. Par rapport à tout, il était toujours au-dessus. Comme pilier droit, il jouait ses quatre-vingts minutes. C’était le premier à bringuer, c’était aussi le premier à travailler. »

Un club envié donc jalousé

Toujours prêt à défendre son club de coeur et pour toujours, Joce n’aime pas voir le RCT attaqué par les spécialist­es de l’ovalie. « Toulon est un club vraiment particulie­r. Il faut vivre les émotions de l’intérieur pour mieux le percevoir. Je pense que c’est un club envié, donc jalousé. » Encore étonné de voir plus de supporters à l’entraîneme­nt qu’en match officiel à Mont-de-Marsan, il ne pourra jamais oublier l’accueil réservé par le peuple de Toulon pour célébrer les titres. «Je me souviens dans notre entrée en bateau sur le port, les quais étaient noirs de monde, les balcons surchargés, on voyait même des supporters nichés sur les toits. On avait même peur pour eux. C’était incroyable. Inimaginab­le ! » Quant à la plus savoureuse des anecdotes vécues, Suta, qui a eu à subir ponctuelle­ment les foudres de Bernard Laporte, se souvient : « Lors des séances vidéo, personne n’arrivait en retard. Les places du fond étaient prises d’assaut par les joueurs. Mais Bernard repérait toujours où chacun se trouvait et ne ratait personne. » Marqué par sa fracture du bras qui l’a tenu éloigné des terrains pendant plus de six mois il y a quelques années déjà, le seconde pompe avoue avoir eu du mal à retrouver toutes ses sensations. Mais aujourd’hui, tout ça fait partie du passé. À ranger dans l’armoire aux souvenirs. Ils sont désormais impérissab­les. Salut l’artiste !

 ?? (PhotoL.B./P.B.) ?? Porté en triomphe, lors d’un tour d’honneur parfaiteme­nt anticipé, par Keke Chiocci et Romain Taofifenua au soir de la victoire sur Castres, Jocelino Suta ne pourra jamais oublié son passage prolongé à Toulon et son fameux « triangle magique » qui se...
(PhotoL.B./P.B.) Porté en triomphe, lors d’un tour d’honneur parfaiteme­nt anticipé, par Keke Chiocci et Romain Taofifenua au soir de la victoire sur Castres, Jocelino Suta ne pourra jamais oublié son passage prolongé à Toulon et son fameux « triangle magique » qui se...

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