Le maire conspué en plein conseil municipal
Mécontents des discussions en cours avec leur employeur, sur leurs statut et acquis, plusieurs dizaines d’employés communaux ont troublé la séance de travail des élus hier matin.
Banderoles, slogans, sifflets… La manifestation des employés communaux, réunis sous les bannières de la CGT et de FO, s’est mise en place dès 7h30, hier matin, devant l’hôtel de ville. Et elle s’est poursuivie… dans l’enceinte du conseil municipal, pourtant réservée aux débats entre élus. Et le maire qui les a autorisés à entrer, pour s’exprimer quelques minutes, en a pris pour sa grade. Pris à parti, accusé de faire le jeu du gouvernement, il était bien au centre de la colère de « ses » fonctionnaires. En fait, l’objet du courroux des employés a pour origine les discussions ouvertes avec leur employeur dans le cadre des circulaires relatives au jour de carence et à l’augmentation de la durée du temps de travail. Les syndicats CGT et FO des territoriaux de La Seyne dénonçant, à cet égard, « des mesures injustes et injustifiées imposées aux fonctionnaires ». Mais leur colère s’est amplifiée du fait que Marc Vuillemot a confié le dossier à son adjointe en charge du personnel, Joëlle Arnal, avec qui les employés mécontents ne veulent visiblement plus discuter.
« Vous avez changé de politique ! »
« M. le maire, pour pouvoir vous parler, il aura fallu que nous occupions la salle du conseil municipal. Car malgré nos demandes, nous n’avons eu aucune proposition de rendez-vous avec vous. Le gouvernement impose des mesures et vous ne bougez pas ; seuls les syndicats et les salariés se lèvent. Vous avez plié devant les consignes du gouvernement. Et ce qui est le plus choquant, c’est que vous avez changé de politique en dix ans ! Nous sommes gérés, non plus comme une collectivité territoriale, mais selon une logique financière », lance violemment au micro la représentante de la CGT. « Vous devriez vous intéresser à la défense des acquis des 1 600 employés dont vous êtes le patron. Pensez à nous et nous vous soutiendrons » , a surenchéri le porte-parole de FO. La scène est presque surréaliste. Marc Vuillemot, que certains accusent de mener une politique « trop à gauche » ou « trop dépensière », et qui ne cesse de dénoncer la politique d’austérité du gouvernement, est attaqué pour son inertie face... à des circulaires gouvernementales. Certains élus de la majorité secouent la tête, comme pour être sûrs de ne pas vivre un cauchemar, répétant à voix basse « c’est pas possible... » ; une adjointe de quartier se prend même le visage entre les mains pour cacher ses larmes...
Marc Vuillemot sifflé
Malgré son irritation visible, le maire garde son sangfroid, lâchant seulement : « Je suis un peu surpris, la date de notre rencontre est fixée au 12 juin ». Une volée de sifflets lui répond alors, avant que le son du micro ne résonne à nouveau : « C’est un scandale ! C’est l’illustration que nous ne sommes pas votre priorité ! » Devant l’insistance et la véhémence des manifestants, le premier magistrat concède : « Je vous verrai à l’issue du conseil avec l’adjointe en charge du personnel, dans le but de préparer le temps de travail qui aura lieu ultérieurement ». Le sujet n’est pas clos pour autant. Pendant près d’une heure, les élus vont encore échanger sur ce thème (lire ci-dessous), faisant apparaître au grand jour certains clivages au sein de la majorité municipale.