Un lotissement doit sortir de terre… sur de l’amiante
Alors qu’un terrain de La Crau a été décrit comme « pollué dans son ensemble », vu la présence d’amiante, comment garantir la santé de ses futurs habitants ? Et celle des riverains existants?
Côté pile, des voiries et terrains qui n’éveillent pas spécialement l’attention. Ici, dans les collines ensoleillées de La Crau, un lotissement doit sortir de terre. « Les Bleuets », onze lots. Côté face, une terre pas toujours fine et un problème de pollution qui n’a pas été pris en compte. Malgré la mobilisation d’un riverain qui remue ciel et terre. Ce Craurois s’inquiète – et pour cause. Une expertise indépendante a établi que «le site est pollué dans son ensemble par des matériaux en fibro-ciment contenant de l’amiante de type chrysotile ». Constat sans appel.
Risque important
Ce rapport, qui date d’avril 2017, peut difficilement être taxé de partialité. Un riverain a demandé à la justice de désigner un expert habilité, ce qu’a ordonné le tribunal de grande instance de Toulon. Un expert indépendant est donc venu réaliser des prélèvements, en présence d’un huissier. Son inspection a permis d’identifier la présence d’amiante, contenue dans des morceaux de fibrociment. En conclusion: «Vu la présence des matériaux en fibrociment amianté dans les parcelles de terrain, le risque serait particulièrement important lors de travaux de jardinage ». Par exemple, en creusant le sol et en grattant un morceau de fibro-ciment. Ce qui pourrait libérer des fibres d’amiante. Cela pose deux problèmes. D’abord, le chantier de viabilisation du futur lotissement s’est poursuivi pendant plusieurs mois. À coup de tractopelle. L’environnement direct a-t-il été exposé à un risque ?
Disséminés
Ensuite, les morceaux de fibro-ciment amiantés semblent avoir été disséminés sur le terrain. Recouverts de terre. « L’amiante n’est pas à prendre à la légère », plaidet-on dans le voisinage. Mi2017, le rapport a été adressé à l’entreprise, la mairie et aux pouvoirs publics. Quid de travaux de dépollution ?
(1) Déjà, la terre remuée et déblayée contenait moult déchets du BTP (relaté dans les colonnes de Var-matin en octobre 2016). Cette fois, avec l’amiante, c’est une question de santé publique.
1. Le propriétaire du terrain nous fait savoir qu’il ne lui parait « pas opportun de s’exprimer par voie de presse ». Il attend les conclusions d’une expertise judiciaire, ainsi que le résultat d’une procédure toujours en cours au tribunal administratif de Toulon.
Les matériaux ont été prélevés au hasard, parmi un nombre incalculable présents sur le site ” Rapport du cabinet Gonthier Expertises, le 22 avril 2017. Sur 14 prélèvements, 13 contenaient de l’amiante.