Var-Matin (Grand Toulon)

Fréjus : prison requise contre le «vénérable» de la pagode

Le moine bouddhiste était poursuivi pour abus de confiance et vols, à l’initiative de l’associatio­n bouddhique franco-vietnamien­ne, qui estime son préjudice à près de 15000€

- G. D.

Un an de prison avec sursis a été requis mercredi, devant le tribunal correction­nel de Draguignan, contre Quan Hoang Nguyen, 49 ans, le moine “vénérable” bouddhiste qui réside à la pagode Hong Hien de Fréjus. Il était poursuivi pour abus de confiance et vols, à l’initiative de l’associatio­n bouddhique franco vietnamien­ne, qui estime avoir subi un préjudice total de près de 15000€. Des faits que Quan Hoang Nguyen a contestés, par le truchement d’un interprète. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 20 juin prochain.

Chef religieux contesté

Au fil d’une audience, rendue plus dense par une longue évocation du contexte historique entourant la pagode de Fréjus, c’est le conflit entre les laïques de l’associatio­n et ceux qui sont attachés à la pratique du culte bouddhique vietnamien qui est apparu. Des dissension­s qui remontent à 2008, quant à la présence à Fréjus du moine “vénérable”, suite à sa nomination en 2000 aux fonctions de supérieur résident, par le patriarche de l’ordre bouddhique mondial, dont le siège se trouve au Canada. Ce patriarche a investi le “vénérable” en septembre 2009 d’une délégation générale, lui donnant les pleins pouvoirs pour régler les affaires courantes de la pagode. Selon Quan Hoang Nguyen, c’est en exécution de ces dispositio­ns qu’il a procédé aux actes qu’on lui reproche.

Une auto d’occase, une statue et quatre chèques

A savoir le vol en septembre 2008 d’une Lancia d’occasion, mise à la dispositio­n du “vénérable”, celui d’une statue de marbre qui a disparu du jardin de la pagode en octobre 2008, et le détourneme­nt de quatre chèques pour un montant de 9625€. On a appris à l’audience que la voiture avait été cédée 2000€ par le “vénérable”, qui n’en avait pas l’usage, ne pouvant passer le permis de conduire puisqu’il ne parle pas français. La statue aurait été transporté­e chez un compatriot­e à Fréjus, sans certitude. Quant aux quatre chèques, Quan Hoang Nguyen a soutenu qu’ils avaient été transférés sur son compte, en remboursem­ent de sommes qu’il avait lui-même avancées à l’associatio­n pour financer des travaux à la pagode.

Un patrimoine immobilier

Pour vider son délibéré, le tribunal devra arbitrer un point central : l’étendue de la délégation générale accordée au “vénérable” par le patriarche. Selon le procureur, ce n’est pas une procuratio­n en bonne et due forme sur les comptes de l’associatio­n. Et l’usage de ces chèques relève donc de l’abus de confiance. Pour Me Benoît Lambert, qui défend Quan Hoang Nguyen, ces poursuites sont infondées, et n’auraient d’autre but que « de décrédibil­iser les religieux, pour asseoir la domination des laïques sur la pagode, qui représente un très beau pactole foncier ». Jugement dans un mois.

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(Photo doc Var-matin) C’est le conflit entre les laïques de l’associatio­n et ceux qui sont attachés à la pratique du culte bouddhique vietnamien qui est apparu au cours de l’audience dont le jugement sera rendu le  juin.

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