Mobilisés pour la protection du mont Faron
Depuis 1983, l’Association Défense et protection du Faron veille jalousement sur le mont toulonnais et pousse les autorités à faire appliquer strictement la réglementation
Avec près de 250 membres au compteur et nombre d’associations ou CIL adhérents, l’Association défense et protection du Faron (ADPF) vient de tenir son assemblée générale. L’occasion de faire le point sur les dossiers chauds sur lesquels elle se mobilise.
Huit infractions et un espoir
Habituée à dénoncer avec rage les constructions illégales qui grignotent le site classé, l’ADPF a instruit au cours des années huit dossiers de ce type (dont deux qualifiés d’importants) et peste sans relâche contre les inerties de l’administration. Des lenteurs qui ont permis à des propriétaires de passer entre les mailles du filet en faisant valoir les délais de préscription relatifs aux infractions poursuivies. Cette année cependant, Michel Bonjardini, le président et Sylvie Laffargue, la secrétaire, ont le sentiment que les cris d’alarmes qu’ils poussent depuis des années rencontrent enfin un écho. « Nous avons été reçus par le préfet et la sous-directrice de la Dreal Paca (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, NDLR). Ces entrevues ont donné lieu à des engagements concernant les infractions commises sur le site classé », savoure Michel Bonjardini. Évoquée lors de ces rencontres, une astuce pourrait être trouvée pour contourner les délais de prescription sur lesquels ont buté les procédures judiciaires. « Le préfet peut prendre des mesures coercitives pour faire appliquer le code de l’environnement » explique Michel Bonjardini. «Il peut exercer une pression administrative sous forme d’un arrêté, à l’encontre du propriétaire qui a construit illégalement. Si l’arrêté n’est pas respecté, ça devient un délit ». L’action publique pourrait alors être relancée. Si elle a le sentiment que l’administration parait désormais sensible à son combat, l’association condamne le manque de réactivité de la mairie de Toulon pour faire appliquer strictement le droit sur les pentes du Faron. «Nous regrettons que la municipalité n’ait pas pesé de tout son poids sur le conseil départemental pour user de son droit de préemption, ce qui aurait évité certaines de ces infractions.»
Le risque incendie brûlant
« De 1934 à nos jours, 28 incendies ont été recensés » calcule l’ADPF. en énumérant 30 hectares ravagés par les flammes en 1934, 185 ha en 1944, 50 ha en 1967, 38 ha en 1969, 60 ha en 70, 100 ha en 87 et 70 ha en 1999. «En 2018, le Faron est en sursis », s’inquiètent les responsables de l’ADPF. « Sur les 1100 hectares classés, 700 sont des propriétés privées, principalement en bas du massif (...) et la forêt privée est quasiment partout à l’abandon. Elle est devenue inextricable au sud comme au nord. Directement au contact des habitations, c’est un combustible qui n’attend que la première étincelle. » Face à ce constat, l’association déplore la « négligence » des autorités qui se contentent d’un Plan intercommunal de débrouisaillement et d’aménagement forestier. Elle milite pour la rédaction par l’Etat d’un Plan de prévention des risques d’incendie de forêt (PPRIF). Selon l’ADPF, c’est le seul document capable de se montrer efficace pour « s’imposer de droit aux documents d’urbanisme élaborés par la mairie »
Vigilance pour le Fort Saint-Antoine
Le cas du Fort Saint-Antoine reste problématique pour l’association. Acheté par un privé il y a quelques années, le site se délabre à grande vitesse selon l’association. « C’est devenu une décharge, les débroussaillages ne sont pas effectués et les murs historiques sont tagués » s’agace Sylvie Laffargue. « C’est lamentable. »
Savoir +
Depuis quelques mois, l’association s’est doté d’un site internet : www.defense-faron-toulon.fr