CARMIGNAC DÉBARQUE À PORQUEROLLES
Le milliardaire Édouard Carmignac inaugure aujourd’hui sur l’île hyéroise le musée qui accueille une partie de l’exceptionnelle collection d’art contemporain de sa fondation. Des oeuvres de Warhol, Basquiat, Lichtenstein y sont exposées.
La fondation d’entreprise Carmignac, qu’il a créée en 2000 et qu’il préside, s’articule autour d’une collection d’art contemporain riche de près de 300 oeuvres qu’il a lui-même constituée et d’un prix du photojournalisme, qui permet de financer, chaque année, un reportage. Édouard Carmignac ajoute aujourd’hui un troisième pilier à sa fondation avec l’ouverture, sur l’île de Porquerolles, d’un site dédié au partage de sa collection avec le public, invité à découvrir des expositions temporaires et un jardin agrémenté d’oeuvres créées spécialement pour le lieu. Deux jours avant l’inauguration qui a lieu ce midi, le discret milliardaire, président et fondateur de la société Carmignac, spécialisée dans la gestion d’actifs, a évoqué ce projet qui lui tient particulièrement à coeur.
Pourquoi avoir voulu créer cette fondation ?
C’est un projet qui vise à initier le plus possible de gens à l’art contemporain, en particulier les jeunes. On n’a pas, en France, assez de jeunes artistes à la mesure de notre patrimoine culturel. J’ai voulu montrer des artistes qui sont accessibles à tous.
Pourquoi avoir choisi Porquerolles pour créer un lieu d’exposition ? Ce n’est pas le lieu le plus facile d’accès…
L’idée, c’est de s’extraire des tracas du quotidien, du monde virtuel. On prend le ferry pour la traversée, on marche pour arriver jusqu’à la fondation. On enlève ses chaussures pour reprendre contact avec le sol et s’extraire de ses préoccupations avant d’aller à la rencontre des oeuvres. En limitant l’accès à personnes par demi-heure, on veut ménager une intimité des visiteurs avec les oeuvres.
L’île est au coeur d’un parc national. Comment avezvous géré les contraintes que cela implique ?
Porquerolles est une île préservée, on a d’abord veillé à ne pas modifier l’aspect du mas provençal. De la même façon on a travaillé avec le parc pour préserver les espèces. On a bien sûr conservé l’activité viticole du domaine, les vignes jouant un rôle essentiel de pare-feu.
Certains dénoncent l’intérêt fiscal des fondations privées, de plus en plus nombreuses, ou encore la concurrence faite aux musées nationaux dans l’acquisition des oeuvres. Votre réaction ?
Ce projet à Porquerolles est un projet assez onéreux, financé par moi et par ma famille. C’est une perte sèche annuelle, en terme d’investissements et de frais de fonctionnement. Ensuite, que les fondations privées suppléent un manque de présence des musées nationaux dans le domaine de l’art contemporain, je trouve cela très noble. Mon souhait, c’est que les jeunes qui viendront ici s’intéressent à l’art contemporain et que les oeuvres que nous présentons séduisent le plus grand nombre. J’espère simplement que cette dépense sera gratifiée par le plaisir accordé à un nombre croissant de personnes.
Qu’est-ce qui vous séduit, personnellement, dans l’art contemporain ?
C’est un art qui par définition nous interpelle et nous questionne sur nos certitudes. Il nous aide à envisager ce qui arrivera demain. Ce qui est important, dans mon métier en particulier, c’est d’anticiper. Les artistes m’y aident, même inconsciemment.
Comment vous sentez-vous à quelques heures de l’inauguration ?
C’est une sensation angoissante. Est-ce que tout sera terminé, est-ce que cela va plaire ? Jusqu’ici, les collaborateurs de l’entreprise et nos visiteurs ont apprécié ces oeuvres. Je souhaite que les gens qui viendront ici ressentent le même choc émotionnel. J’aime que l’art contemporain soit émotionnel plutôt que conceptuel. C’est d’ailleurs mon principal critère d’achat. La notion de partage aussi est très importante. Je veille à rendre les gens le plus heureux possible autour de moi et si j’élargis ce cercle à ceux qui visiteront la fondation, j’en serai moimême très heureux.