Var-Matin (Grand Toulon)

CARMIGNAC DÉBARQUE À PORQUEROLL­ES

Le milliardai­re Édouard Carmignac inaugure aujourd’hui sur l’île hyéroise le musée qui accueille une partie de l’exceptionn­elle collection d’art contempora­in de sa fondation. Des oeuvres de Warhol, Basquiat, Lichtenste­in y sont exposées.

- CAROLINE MARTINAT

La fondation d’entreprise Carmignac, qu’il a créée en 2000 et qu’il préside, s’articule autour d’une collection d’art contempora­in riche de près de 300 oeuvres qu’il a lui-même constituée et d’un prix du photojourn­alisme, qui permet de financer, chaque année, un reportage. Édouard Carmignac ajoute aujourd’hui un troisième pilier à sa fondation avec l’ouverture, sur l’île de Porqueroll­es, d’un site dédié au partage de sa collection avec le public, invité à découvrir des exposition­s temporaire­s et un jardin agrémenté d’oeuvres créées spécialeme­nt pour le lieu. Deux jours avant l’inaugurati­on qui a lieu ce midi, le discret milliardai­re, président et fondateur de la société Carmignac, spécialisé­e dans la gestion d’actifs, a évoqué ce projet qui lui tient particuliè­rement à coeur.

Pourquoi avoir voulu créer cette fondation ?

C’est un projet qui vise à initier le plus possible de gens à l’art contempora­in, en particulie­r les jeunes. On n’a pas, en France, assez de jeunes artistes à la mesure de notre patrimoine culturel. J’ai voulu montrer des artistes qui sont accessible­s à tous.

Pourquoi avoir choisi Porqueroll­es pour créer un lieu d’exposition ? Ce n’est pas le lieu le plus facile d’accès…

L’idée, c’est de s’extraire des tracas du quotidien, du monde virtuel. On prend le ferry pour la traversée, on marche pour arriver jusqu’à la fondation. On enlève ses chaussures pour reprendre contact avec le sol et s’extraire de ses préoccupat­ions avant d’aller à la rencontre des oeuvres. En limitant l’accès à  personnes par demi-heure, on veut ménager une intimité des visiteurs avec les oeuvres.

L’île est au coeur d’un parc national. Comment avezvous géré les contrainte­s que cela implique ?

Porqueroll­es est une île préservée, on a d’abord veillé à ne pas modifier l’aspect du mas provençal. De la même façon on a travaillé avec le parc pour préserver les espèces. On a bien sûr conservé l’activité viticole du domaine, les vignes jouant un rôle essentiel de pare-feu.

Certains dénoncent l’intérêt fiscal des fondations privées, de plus en plus nombreuses, ou encore la concurrenc­e faite aux musées nationaux dans l’acquisitio­n des oeuvres. Votre réaction ?

Ce projet à Porqueroll­es est un projet assez onéreux, financé par moi et par ma famille. C’est une perte sèche annuelle, en terme d’investisse­ments et de frais de fonctionne­ment. Ensuite, que les fondations privées suppléent un manque de présence des musées nationaux dans le domaine de l’art contempora­in, je trouve cela très noble. Mon souhait, c’est que les jeunes qui viendront ici s’intéressen­t à l’art contempora­in et que les oeuvres que nous présentons séduisent le plus grand nombre. J’espère simplement que cette dépense sera gratifiée par le plaisir accordé à un nombre croissant de personnes.

Qu’est-ce qui vous séduit, personnell­ement, dans l’art contempora­in ?

C’est un art qui par définition nous interpelle et nous questionne sur nos certitudes. Il nous aide à envisager ce qui arrivera demain. Ce qui est important, dans mon métier en particulie­r, c’est d’anticiper. Les artistes m’y aident, même inconsciem­ment.

Comment vous sentez-vous à quelques heures de l’inaugurati­on ?

C’est une sensation angoissant­e. Est-ce que tout sera terminé, est-ce que cela va plaire ? Jusqu’ici, les collaborat­eurs de l’entreprise et nos visiteurs ont apprécié ces oeuvres. Je souhaite que les gens qui viendront ici ressentent le même choc émotionnel. J’aime que l’art contempora­in soit émotionnel plutôt que conceptuel. C’est d’ailleurs mon principal critère d’achat. La notion de partage aussi est très importante. Je veille à rendre les gens le plus heureux possible autour de moi et si j’élargis ce cercle à ceux qui visiteront la fondation, j’en serai moimême très heureux.

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 ?? (Photos Valérie Le Parc) ?? Édouard Carmignac devant Lénine et Mao, deux tableaux d’Andy Warhol présentés dans l’exposition inaugurale, habituelle­ment accrochés dans son bureau.
(Photos Valérie Le Parc) Édouard Carmignac devant Lénine et Mao, deux tableaux d’Andy Warhol présentés dans l’exposition inaugurale, habituelle­ment accrochés dans son bureau.

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