L’Indication géographique protégée, c’est royal !
Technicien au sein de l’Association de développement de l’apiculture provençale (ADAPI*), Philippe Picard assure le contrôle interne au sein de la filière apicole. « On visite les installations, pour voir dans quelles conditions le miel est extrait, stocké, on examine les produits en prélevant des échantillons envoyés ensuite dans des laboratoires indépendants, et on contrôle la traçabilité, du rucher au pot de miel, détaille-til. Outre ce suivi qualitatif, on assure un suivi quantitatif : on vérifie que seules les quantités déclarées ont été commercialisées sous l’IGP, et pas davantage ». L’ensemble de ces missions sont réalisées sous la surveillance d’un organisme certificateur, Qualisud, en fonction des règles définies par les pouvoirs publics.
Le contrôle de toute la filière
Tout cela découle d’un long processus qui débute par l’auto-contrôle du producteur, qui, en adhérant au cahier des charges de l’IGP, doit identifier le produit, organiser son exploitation pour respecter les règles de production et tous les paramètres du cahier des charges, (comme le taux d’humidité du miel par exemple). Si l’apiculteur et la miellerie peuvent être installés en dehors de l’IGP, le rucher doit obligatoirement être placé dans l’aire géographique concernée au moment où les abeilles produisent. « La démarche qualité concerne toute la filière et tous ses opérateurs : les producteurs apiculteurs, les négociants (grossistes qui achètent et revendent des fûts de miel, dont des coopératives d’apiculteurs) et les conditionneurs, poursuit Philippe Picard. Cela permet de commercialiser le miel IGP Provence dans les grandes surfaces ». Tous les adhérents de l’IGP font l’objet d’au moins un contrôle par an. « Le taux de non-conformité est inférieur à 1 %. Les gens qui entrent dans la démarche qualité ne sont pas des fraudeurs, on n’a jamais eu un cas de fraude en interne, même si l’affaire corse nous a secoués » remarque
(2) le spécialiste. Au consommateur, Philippe Picard donne quelques conseils : « Recherchez les éléments de qualité, IGP, AOC, label rouge, et lisez les étiquettes. Il y a de très bons miels provenant de l’étranger, on les trouve en général dans les épiceries fines. Le prix est aussi un indicateur de qualité, le prix moyen du miel IGP en PACA variant de 16 à 20 € le kg selon le circuit de distribution ».
Défendre l’appellation
L’ADAMI a pour autre mission la défense de l’appellation Provence, attaquée par des miels présentés comme tels mais qui viennent d’ailleurs. « Les importations sont massives. Il y a ceux qui importent et commercialisent de manière transparente, et les autres… » Les contrôleurs ont l’oeil. «On détecte les appellations fantaisistes, on se méfie de ceux qui changent souvent le nom de leur société ou qui vendent à prix cassé. Curieusement, en ce moment beaucoup de monde propose du miel de thym, alors qu’on n’en produit quasiment pas en France… » Pour détecter les fraudes dans le commerce (magasins, marchés, étals en bord de route), ils achètent les produits, les font analyser et, quand il y a un problème, transmettent le dossier aux DDPP du département où se situe de siège social du fraudeur. « Ce qui nous inquiète, c’est qu’il ne faut pas chercher longtemps pour en trouver » conclut-il.
(*) L’ADAPI est une association technique et économique, le service de conseil pour les apiculteurs professionnels. Elle regroupe plusieurs structures syndicales, techniques, dont le syndicat des miels de Provence et des Alpes du Sud reconnu par les pouvoirs publics pour assurer la gestion et défendre l’IGP. 2. L’année dernière, le service de la répression des fraudes (DGCCRF) a saisi deux fûts de 600 kg de miel en provenance du Continent chez un retraité, apiculteur dans la région d’Ajaccio, qui les vendait sous l’appellation AOP miel de Corse dans les supermarchés.