Var-Matin (Grand Toulon)

La Seyne: braqueurs trop calmes pour être novices

Smaile Zairi volait pour financer sa cavale. Il ne veut pas charger son comparse, mais ne veut pas non plus porter un chapeau trop grand pour lui. Réquisitoi­re ce matin aux assises du Var

- G. D.

Commerçant­s, voisins et passants, la cour d’assises du Var a entendu hier une poignée de témoins du vol à main armée d’une bijouterie au centre de La Seyne-sur-Mer le 14 février 2014 vers midi. Pour la plupart, ils avaient gardé le souvenir de deux braqueurs très calmes, qui ne s’étaient énervés qu’après être sortis du commerce, au moment d’enfourcher leur scooter pour prendre la fuite. Manifestem­ent, ils ne s’étaient pas mis d’accord sur le fait de savoir qui allait conduire.

L’accusé a dit sa vérité

Cette apparente sérénité de Smaile Zairi et Aziz Chaib Ainou, dans l’action les armes à la main, a semblé conforter l’avocat général dans le sentiment qu’on n’avait pas affaire à des amateurs. Elle n’avait pas témoigné lors du premier procès en mai 2017, mais pour Samia, la cousine de Smaile Zairi, qui était également la compagne d’Aziz Chaib Ainou au moment des faits, les deux hommes avaient le même profil de voleurs violents. Aucun des deux n’avait entraîné l’autre dans ce hold-up, «ils avaient envie tous les deux de faire un braquage, ils l’ont fait ». Ce qu’a confirmé Smaile Zairi dans son interrogat­oire. « Je suis venu vous dire ma vérité, que vous l’entendiez ou non. On a discuté de faire un braquage. On a acheté un scooter volé et des perruques. J’avais une arme factice. Aziz avait une arme. On les a mises en commun. On voulait braquer à l’extérieur de Marseille. « On a décidé tous les deux de braquer cette bijouterie. Ce n’est pas moi qui avais le plus d’influence. On était au même niveau, et je n’ai jamais dit à Aziz de me charger s’il se faisait prendre. Et ce n’est pas parce qu’il n’est pas là que je vais tout lui mettre sur le dos. »

Bijoux factices

Smaile Zairi a confirmé avoir bousculé la bijoutière qui est tombée inconscien­te. Il a cassé une vitrine avec la crosse de son pistolet, ce qui a entraîné un tir accidentel. Il a eu le temps de briser une deuxième vitrine, avant que le fumigène de l’alarme n’envahisse le magasin. De retour à Marseille, il a examiné les bijoux et s’est rendu compte qu’ils étaient factices. « J’étais dégoûté que ça se soit mal passé et que le résultat ne soit pas au rendez-vous. J’ai dit à Aziz de tout garder, les bijoux, les armes et le scooter. » « De faux bijoux, mais de vraies armes, a plaidé Me Clément Lambert. On a tiré dans la bijouterie. » Aux intérêts de la bijoutière, il est revenu sur ses préjudices physique et psychologi­que, mais également sur le préjudice économique, qui l’empêche désormais de quitter un commerce où elle ne peut plus se voir. « Vous ne l’avez frappée que pour une seule raison, a-t-il lancé à l’accusé, parce qu’elle vous a dit qu’elle ne vous laisserait pas faire, parce qu’elle vous a tenu tête. » L’audience reprend ce matin avec le réquisitoi­re.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Les témoins des faits se sont succédé à la barre de la cour d’assises, sous l’oeil de Me Marie Pellan.

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