Michèle Rivasi: «Macron le président des lobbies»
La députée européenne, invitée de «La Bio est dans le pré», dimanche à Saint-Antonin du Var, n’a pas de mots assez durs contre la loi Agriculture et Alimentation votée par l’assemblée nationale
Biologiste de formation, professeur agrégée, Michèle Rivasi, scandalisée par le mensonge d’État qui a suivi la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, s’est engagée d’abord en créant la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) en 1986. Élue députée de la Drôme de 1997 à 2002, elle siège depuis 2009 au Parlement européen, où elle est une spécialiste des questions de santé environnementale. Dimanche, elle participe à « La Bio est dans le pré » à SaintAntonin du Var.
Pourquoi venez-vous dans le Var ? Parce que « la Bio est dans le pré » est un rendez-vous très important sur un sujet majeur, l’agriculture et l’alimentation. Parce que Bernard Astruc (), l’organisateur, s’est beaucoup mobilisé sur l’OGM transparence. Je le soutiens là-dessus. Et parce que des événements de ce genre permettent de toucher la société civile, d’alerter, tout comme nous le faisons avec « La Marche des cobayes» ().
De quoi s’agit-il ? On a initié cette marche avec associations pour dénoncer le fait que nous sommes tous cobayes de la malbouffe, des pesticides et des pollutions en tous genres. Avec des conséquences comme les épidémies d’obésité, de diabète, de cancer, le manque de fertilité chez les hommes, etc. Nous sommes partis de Fos-surMer et allons vers Paris. Nous voulons interpeller les pouvoirs publics. L’État ne protège pas les citoyens. Nous avons tout pour avoir un environnement sain mais il n’y a pas de volonté politique.
Vous avez eu des mots très durs à propos de la loi Egalim (agriculture et alimentation) qui vient d’être votée… Ça pouvait être une formidable opportunité de changer de modèle agricole. Mais sur des points essentiels comme l’interdiction du glyphosate d’ici trois ans, l’élevage industriel, les publicités pour les produits gras et sucrés, les abattoirs… Tous les amendements, mêmes ceux déposés par des députés LREM, ont été retoqués. C’est une honte. J’avais participé aux États généraux de l’alimentation et c’était plein d’espoir. Mais après le vote des députés, c’est la catastrophe. On veut quoi, une société malade ? Je suis scandalisée. Macron est une caricature. Président des riches, des super-riches, et maintenant président des lobbies.
Les consommateurs peuvent-ils faire changer les choses ? Dans ses choix, dans son alimentation, le consommateur est consom’acteur. On a de plus en plus de bio dans les cantines parce que les familles le demandent. C’est incroyable le pouvoir du consommateur, mais il faut le lui dire. Il a son bulletin de vote quand il fait ses achats. C’est pourquoi je suis très proche du milieu associatif. Il faut rassembler tous ces gens-là, leur montrer que des politiques y croient. Mobiliser les citoyens pour peser sur les décisions des politiques, car c’est à eux de protéger contrairement au privé qui n’a qu’un objectif, conditionner les gens pour leur vendre de mauvais produits le plus vite possible quel qu’en soit le prix à payer au niveau de la santé et de l’environnement.
Vous avez dit au ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot : « Pars »... C’est quelqu’un d’honnête. En restant, il cautionne la politique du gouvernement. Il y a eu Notre-Dame des Landes, mais on voit bien qu’après, ce n’est pas si facile. Il s’était engagé pour l’interdiction du glyphosate d’ici trois ans mais le rapport de force ne lui est pas favorable. Il a une bonne image auprès des gens, elle commence à s’effriter. Il doit partir avant qu’elle ne se dégrade trop.
Et vous, que feriez-vous si vous étiez ministre ? Je m’appuierais sur la société civile. Il faut informer, dire aux gens : Vous avez le choix, vous pouvez réorienter le type d’agriculture pour une alimentation saine sûre et durable pour tous. (1) Bernard Astruc est le coordinateur de Bio Consom’acteurs Paca France. (2) http://marchedescobayes.org
En restant, Nicolas Hulot cautionne la politique du gouvernement