Var-Matin (Grand Toulon)

Sous contrat, mais...

Manu Schmitt est toujours lié avec le HTV, un club à l’avenir très incertain... L’entraîneur varois revient sur une situation ubuesque et rembobine la saison de toutes les épreuves

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J’ai les boules car on ne saura jamais ce qu’on aurait pu faire avec ce groupe dans des conditions normales”

L’envie de vider son sac le titille depuis de longs mois. Engagé dans le bateau-épave de Hyères-Toulon, Manu Schmitt pourrait citer mille exemples qui l’ont irrité cette année. Le coach garde néanmoins sa retenue. Sans doute une question d’humilité. Peut-être aussi parce qu’il se trouve encore sous contrat avec le club, même menacé de liquidatio­n judiciaire. Cette situation attriste le Mulhousien, qui a vécu une saison éprouvante, marquée par le retrait de trois victoires mi-décembre et ponctuée par une relégation sportive en Pro B. Il résume l’expérience par trois adjectifs : « déçu, frustré et amer ».

Son avenir

Le contrat de Manu Schmitt avec le HTV court jusqu’à juin 2020. Ce lien se casserait en cas de liquidatio­n. Mais pas dans l’hypothèse d’un rachat des droits sportifs par Paris basket avenir. « Mon avenir personnel n’est pas le plus important, clame le coach. Je suis dans l’attente de connaître la situation du club. Ensuite, toutes les options sont envisageab­les. » Une chose semble sûre : il ne se voit pas entraîner plus bas que la Pro B.

La situation du club

« Voir le HTV comme ça (menacé de disparitio­n, Ndlr), c’est triste et frustrant, car il y a le potentiel pour faire quelque chose ici. » L’Alsacien savait où il mettait les pieds, connaissai­t la taille du challenge, mais il ne s’attendait pas à vivre une saison aussi périlleuse. Au HTV, tout est compliqué : la masse salariale (« la plus faible de l’histoire du club en ProA »), les conditions de déplacemen­t, les installati­ons, la disponibil­ité des salles, la présence d’un staff médical à temps partiel... « On a bricolé, et beaucoup compensé ! Je ne veux pointer personne du doigt car tout le monde a fait du mieux qu’il pouvait, mais ça ne suffit pas, note le coach. La situation extra-sportive a fait que l’organisati­on du quotidien était loin des standards de la Pro A ».

Son expérience varoise

Manu Schmitt a sans doute l’impression d’avoir échoué dans une mission qui était impossible. Mais il n’a ni regret ni rancoeur d’avoir rejoint le HTV. « J’ai quitté une situation plutôt confortabl­e à Neuchâtel (Suisse) et je remercie les gens qui m’ont fait confiance. Avec le recul, il faudra que j’en tire des leçons sur un plan personnel. » Il se dit « déçu pour les supporters », alors qu’« un engouement était en train de renaître ». Et tente d’expliquer : « Je fais ce métier pour essayer de fédérer les gens autour du club, du maillot, de l’écusson... Je n’en ai pas eu les moyens. »

Juin - novembre : un départ canon

Pour Schmitt, il n’y a pas eu une saison, mais deux ! La première, de juin à novembre. « On a construit l’équipe avec des joueurs qui avaient tout à prouver. On s’était gardé une place d’Américain pour renforcer un secteur (le poste 1, avec un meneur gestionnai­re, en complément de Smith et Asceric, Ndlr). On a tourné à plein régime très vite, on était peut-être à 110% de notre potentiel, alors que les autres équipes n’étaient pas forcément encore prêtes. J’avais conscience que la deuxième partie serait plus compliquée. »

La sanction du  décembre

Ce qu’il ne savait pas, c’est que la Ligue allait retirer trois victoires au club pour raisons administra­tives. On est le 11 décembre. La dynamique est tuée. « Il faut se mettre à la place des joueurs. Dans la même journée, on passe de 9e ex aequo à bon dernier... » Même si le HTV récupère deux victoires en appel, le mal est fait. Et la suite de la saison ressemble à un chemin de croix. Manu Schmitt, qui a aussi compris qu’il devrait faire une croix sur sa recrue, analyse les chiffres. « Avant la sanction, on était à 6-6, avec 73 pts marqués et 76 encaissés. Les huit matches qui suivent, on passe à 1-7, avec 83 pts marqués mais 92 encaissés. Inconsciem­ment, les mecs étaient un peu moins dans la rigueur, la gestion. C’est quelque chose qu’on ne peut pas empêcher. On est tombé dans un jeu un peu plus individual­iste. » Résultat : 21 défaites d’affilée, record de la Pro A. « Ça fait mal, bien sûr, mais si on retient ça, il ne faut pas oublier le contexte ni le contenu », répond l’entraîneur. Qui ajoute : « Tout le monde nous a respectés jusqu’au bout. »

Un groupe à gérer

L’Alsacien le martèle. Tout a changé à partir de décembre. Dès lors, « le projet collectif a volé en éclats et mon but était de ne pas perdre les gars. » Comme si le coach était devenu psychologu­e. « J’ai été obligé de m’asseoir sur certaines de mes conviction­s. Parfois, il aurait fallu les brusquer, mais j’ai estimé que les risques de les perdre étaient trop importants. » À force de protéger son groupe, le reste est peut-être passé au second plan. Mais Schmitt ne regrette pas ses choix. Et il insiste une dernière fois : « Je suis très fier de ce qu’ont fait les mecs. Car ça aurait été facile de trouver toutes les excuses pour partir en live. » « Mais j’ai les boules, car on ne saura jamais ce qu’on aurait pu faire avec ce groupe dans des conditions normales. »

Ses joueurs

L’ancien Chalonnais n’est pas du genre à commenter en public les performanc­es individuel­les de ses joueurs. Même s’il glisse à demimot une pointe de déception par rapport aux départs prématurés de Luka Asceric et du capitaine Ferdinand Prénom (à la veille du dernier match), il ne retient qu’une chose : « Tous peuvent utiliser ce qu’on a vécu de manière positive. Humainemen­t, j’ai vu et j’ai travaillé avec des mecs bien. »Un moindre mal.

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Schmitt est toujours resté derrière son groupe.
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