Financement de Sarkozy par la Libye : « Je n’y crois pas »
Vous aviez conseillé à Nicolas Sarkozy l’intervention en Libye… Exact. Et j’en suis fier. De même qu’il peut être fier, lui, d’avoir été le premier chef d’État à mettre en oeuvre ce pilier de la loi internationale que sont le devoir d’ingérence et la responsabilité de protéger.
Est-il, selon vous, impensable que Kadhafi ait participé au financement de sa campagne ? Impensable, oui. Je suis, je crois, l’un des témoins les plus informés de cette période. J’ai été, pendant ces mois de guerre en Libye, en contact permanent avec Nicolas Sarkozy. Et, en conscience, je n’y crois pas.
Fierté sur la Libye, regret sur la Syrie… La non-intervention en Syrie a eu deux effets. Le premier a été de vider le pays de la moitié de ses habitants. Le deuxième a été de permettre à Daech de se développer, d’aménager des camps d’entraînement, de former des troupes aguerries, de leur donner une base arrière, etc. Oui, la non-intervention en Syrie est responsable de la fuite de millions de personnes cherchant asile ailleurs et de l’expansion de Daech.
Certains font le lien entre l’arrivée des migrants et les attentats sur le sol européen. Et vous ? Non. S’il y avait une généralisation à faire, pourquoi ne pas la faire à l’envers ? Dire qu’il y a, parmi les migrants, plus de jeunes gens qui ressemblent à Mamoudou Gassama, ce Malien qui a illustré les valeurs de la France en sauvant un petit enfant suspendu à la façade d’un immeuble à Paris, que de jeunes gens pouvant ressembler aux assassins du Bataclan ?
Vous contestez la place de la Turquie d’Erdogan dans l’Otan. Il fallait, rappelez-vous, un État Kurde indépendant. L’Europe peut-elle encore agir ? Oui. Parce que la Turquie joue double jeu avec Daech. Ce pays est dirigé par un maître chanteur. Quand Erdogan n’est pas content contre Merkel, il la menace explicitement, en mars , d’attentats terroristes en disant ceci : « Aucun Européen, aucun Occidental ne pourra plus faire un pas en sécurité, avec sérénité, dans la rue, nulle part dans le monde. » Autrefois, on posait la question de la place de la Turquie dans l’Europe, aujourd’hui je pose celle de la Turquie dans l’Otan.