Italie : le gouvernement populiste prête serment
Le premier gouvernement d’alliance entre un jeune mouvement populiste et un parti d’extrême-droite a prêté serment hier à Rome, sous la direction de Giuseppe Conte. Celui qui, la veille, assurait encore son cours de droit privé à l’université de Florence, a prêté serment le premier sous les ors du Quirinal, le palais de la présidence à Rome. L’ont suivi les deux hommes forts de ce gouvernement populiste, le premier dans un pays fondateur de l’Union européenne : Matteo Salvini, 45 ans, patron de la Ligue (extrême-droite) et Luigi Di Maio, 31 ans, chef de file du Mouvement Cinq Eoiles (M5S, antisystème), ont juré devant le Président Sergio Mattarella d’exercer leurs fonctions « dans l’intérêt exclusif de la Nation ». Après près de trois mois de tractations et de rebondissements inédits même pour un pays rompu aux crises politiques, les populistes italiens ont finalement trouvé un compromis avec le chef de l’État qui exigeait des garanties sur le maintien du pays dans la zone euro. Le Président avait opposé un veto spectaculaire à une première liste dimanche. Mais jeudi soir, il a signé avec un soulagement visible une liste amendée comprenant 18 ministres, dont cinq femmes, représentant à parts égales les forces politiques sorties victorieuses des législatives du 4 mars, bien que le M5S ait obtenu plus de 32 % des voix et la Ligue 17 %.
Un équilibre entre les alliés
C’est donc Guiseppe Conte, 53 ans, inconnu des Italiens il y a encore quinze jours, qui sera assis à côté du Président aujourd’hui pour la parade militaire de la fête nationale. Il devrait ensuite se présenter en début de semaine prochaine devant le Parlement pour y obtenir la confiance, avant de représenter son pays en fin de semaine au sommet du G7 au Canada. Luigi Di Maio et Matteo Salvini deviennent vice-Premiers ministres, le premier chargé du Développement économique et du Travail, et le second de l’Intérieur. Le très sensible ministère de l’Economie et des Finances revient à Giovanni Tria, un professeur d’économie politique proche des idées de la Ligue en matière fiscale mais favorable au maintien de l’Italie dans l’euro. Au départ pressenti pour ce poste, Paolo Savona, l’économiste de 81 ans qui considère l’euro comme « une prison allemande », devient ministre des Affaires européennes. Il sera flanqué du très européen Enzo Moavero Milanesi, qui a travaillé pendant vingt ans à Bruxelles, a été ministre des Affaires européennes (20112014) et devient ministre des Affaires étrangères. Le« gouvernement du changement » est désormais attendu sur son programme, qui tourne résolument le dos à l’austérité et aux « diktats » de Bruxelles, pariant sur une politique de croissance économique pour réduire la colossale dette publique italienne.