Var-Matin (Grand Toulon)

Ollioules: il trafiquait « depuis la fête des mères »

- F.D

Deux trentenair­es toulonnais, soupçonnés d’alimenter un trafic de stupéfiant­s lucratif à Ollioules, ont été respective­ment condamnés à un an et six mois d’emprisonne­ment. Le responsabl­e présumé du réseau a été maintenu en détention. C’est dans la résidence La Baume, peu connue jusque-là pour abriter des deals de drogue, que les faits avaient été révélés par les policiers. Suite à des plaintes de résidents qui dénonçaien­t un réseau de cannabis et d’herbe qui s’était mis en place au bas de la résidence, les enquêteurs avaient débuté une surveillan­ce, le 24 mai dernier.

« Vite dealé, vite jugé ! »

Très vite, deux suspects apparaissa­ient régulièrem­ent sur les images. La présidente, Patricia Krummenack­er, a résumé la situation : « Le point de vente débutait à 20 heures. Pas avant. Un client s’était même présenté à 19 h 20 et on lui avait dit de revenir ! Incroyable ». Poursuivan­t sa narration, la magistrate a indiqué qu’à «20h15, quatre clients avaient déjà été servis, indiquent les surveillan­ces des policiers. Un appartemen­t, situé au troisième étage de la résidence, faisait l’objet d’allées et venues incessants. C’est là qu’était stockée la marchandis­e ». Au moment de son interpella­tion par les fonctionna­ires, le premier Toulonnais a jeté un sac où se trouvaient de l’argent et des produits. « Puis une perquisiti­on a permis de retrouver des sachets de conditionn­ement rassemblan­t huit barrettes sous cellophane et deux sachets d’herbe », a précisé la présidente avant de dresser le bilan de la « prise » des enquêteurs: 360 euros d’argent liquide, 137 grammes de cannabis et 23 grammes d’herbe. « Depuis quand vous livrez-vous à ce type de trafic ? », leur a demandé la magistrate. « Je fais ça depuis la fête des mères », a répondu - sans rire - le premier prévenu. « J’avais acheté un morceau de cannabis pour fumer et j’en ai revendu une partie. En deux heures, j’ai gagné 50 euros ». « C’est bien, c’est au niveau du Smic », a ironisé la présidente du tribunal. « Avez-vous vraiment mesuré les risques ? Car, argent vite gagné, prison, vite gagnée aussi ! Vite fait pour dealer, vite fait pour être jugé. Savezvous que vous risquez une peine de dix ans de prison ? ». Silence des deux prévenus.

« Je n’ai pas su dire non… »

Interrogé à son tour, l’occupant de l’appartemen­t visé a reconnu les faits, confiant que « sa porte restait ouverte en échange d’être aidé si j’avais besoin. Mais il est vrai que je n’ai pas su dire non quand il le fallait. Ce n’était même pas pour l’argent, car je travaille », a-t-il confié. Pour la représenta­nte du ministère public, Carine Cauchy, les deux prévenus manifesten­t « un détachemen­t qui fait dire qu’ils ne se rendent pas compte de la gravité des faits ! Savezvous qu’à Marseille, des gens se font tirer dessus pour des stupéfiant­s?», les a-t-elle interpellé­s avant de requérir 18 mois d’emprisonne­ment pour le premier et 7 mois pour le second. En défense de ce dernier, Me Lizzie Sacchero a fait remarquer qu’on « avait fait miroiter à son client une protection. Dès lors, avait-il le choix quand on a voulu déposer un sac chez lui ? Il a grandi dans ce quartier et a subi une contrainte morale. Notez que c’est la première fois qu’il comparaît devant un tribunal. Une peine proportion­née à sa faute s’impose ». Aux intérêts du principal mis en cause, Me Aurélie Dambrine, a plaidé pour une peine de sursis avec mise à l’épreuve ou une sanction aménageabl­e : « Mon client tenait une sandwicher­ie et n’en retirait souvent aucun salaire. Cela n’excuse rien mais il a toujours travaillé. C’est un faux pas ». Outre les peines de prison, la juridictio­n a ordonné la confiscati­on de tous les produits saisis. Espérant avoir fait cesser ce trafic très localisé.

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