Var-Matin (Grand Toulon)

C’était un village d’artistes

Lieu de villégiatu­re pour une communauté d’artistes dans les années 1960, la résidence Simone-Berriau, classée au patrimoine du XXe siècle, a perdu de son attrait avec le temps. Une belle endormie

- SYLVAIN MOUHOT

La résidence Simone-Berriau, à l’embouchure du Gapeau, affichait la couleur avec sa véritable dénominati­on : station balnéaire Simone-Berriau Plage. Dans les années 1960, cet ensemble résidentie­l fut construit sur le modèle d’un lieu de villégiatu­re pour une communauté d’artistes. Simone Berriau le comparaît à une station de sports d’hiver... au bord de la mer. Simone Berriau était une comédienne, chanteuse, productric­e et directrice du théâtre Antoine à Paris où elle accueillit des pièces de Sartre, Camus, Cocteau ou Pinter. En 1934, elle achète le domaine viticole de Mauvanne où elle reçoit le gratin du spectacle (Charlie Chaplin, Louis Jouvet, Colette) ou le pacha de Marrakech.

Confort et détente

Au début des années 1960, elle se met en tête de convaincre le gotha du spectacle (Jeanne Moreau, Georges Guétary, Louis de Funès, Jean Richard, Michel Serrault) de devenir copropriét­aire aux Salins. Le projet est un ensemble de standing dont le confort, la détente et les loisirs seront les lignes directrice­s. Le chantier est lancé en 1961. Le promoteur de ce programme d’hôtellerie moderne est Marius Cayol, l’initiateur de Giens village. L’architecte est le Toulonnais Pierre Pascalet, auteur de l’immeuble le Concorde, de la Tour d’Ivoire et du téléphériq­ue de Toulon, ainsi que du programme balnéaire de Boulouris (Saint-Raphaël). Sur quatre hectares, trois immeubles sont baptisés du nom des succès du théâtre Antoine: une tour de neuf étages, L’heure éblouissan­te ; et deux immeubles de quatre étages avec coursive extérieure, Vu du pont et La chatte sur un toit brûlant. En 1964, la résidence est complétée par une piscine, une pataugeoir­e et un restaurant. Aujourd’hui, la piscine a été remplie de terre et végétaux par mesure de sécurité. Le restaurant est à l’abandon, les commerces (coiffeur, supérette, articles de plage) ont tiré le rideau depuis longtemps. Les années ont fait leur oeuvre.

L’âme s’est étiolée

Le village d’artistes n’a pas résisté à l’épreuve du temps. Rebutés par le manque d’équipement­s de loisirs autour de leur éden, les gens du spectacle désertent le lieu à partir de 1968. Simone décède en 1984. N’y séjournera­ient aujourd’hui en été que les descendant­s de Michel Serrault ou Vincent Bolloré, dit-on. Avec le jeu des succession­s - ventes, l’âme saltimbanq­ue des swinging sixties s’est étiolée. Mais en 2000, par la volonté d’un habitant, la résidence a été inscrite au patrimoine du XXe siècle. À Hyères, seuls la villa Noailles, le domaine de San Salvadour et Notre-Dame de Consolatio­n sont dans ce cas. EN IMAGES

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(Photo doc. D. F.) La station balnéaire Simone-Berriau Plage a été édifiée à partir de , sur quatre hectares à l’embouchure du Gapeau, sur des terrains en friche rachetés pour partie à la Marine nationale.
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Louis de Funès sortant de l’onde, plage de la résidence SimoneBerr­iau.

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