Pour les taxis, c’est le trop plein
Au volant de son élégante limousine, Stéphane, taxi à Toulon depuis 20 ans, est intarissable sur l’augmentation du carburant. « Cette voiture, je l’ai achetée, il y a plus de deux ans, murmuret-il avec dans la voix une pointe de fierté… et une nuance de regret. C’est un V6 de 3,5 litres Il faut compter 10 litres aux 100 kilomètres.» S’il continue à trouver son carrosse chic et confortable, Stéphane concède que devant l’envolée du prix du gasoil, la soif de sa belle allemande commence à assécher son portefeuille.
De à euros supplémentaires
Un état d’esprit qui peut être révélateur de l’ambiance aux stations-service comme aux stations de taxis. « Quasiment tous les taxis de Toulon roulent diesel. Alors savoir que sur chaque plein, on lâche 20 à 25 euros supplémentaires, c’est sûr que ça ne nous amuse pas » confirme Julien Brunet, président des Taxis toulonnais. Du côté du groupement d’intérêt économique (GIE) qui réunit les 83 artisans toulonnais, on calcule que chaque mois, un taxi met dans son réservoir quelque 1 000 euros (ou 7 000 litres par an) et que sur l’année, l’augmentation enregistrée depuis début 2018 va lui coûter 2 200 à 2 400 euros. « Et le tarif des courses qui a été réévalué à la fin 2017 est loin d’équilibrer le surcoût », peste Julien Brunet. « Alors que les VTC ont eux la possibilité d’adapter leur grille tarifaire, la nôtre est fixe» grince Alain Vittet, président du Syndicat professionnel des taxis varois. Et on ne peut pas non plus demander à faire grimper nos tarifs parce que notre clientèle ne pourrait pas suivre et que la Sécurité sociale, qui prend en charge une grande part de nos trajets s’y opposerait. » Pas question pour autant de voir les taxis se mettre au super. « Pour l’utilisation que l’on a de nos voitures, qui roulent 7 heures par jour, la mécanique des diesels est la plus adaptée, explique Julien Brunet. Par ailleurs, la fiscalité qui permet aux professionnels de récupérer 100 % de la TVA sur le diesel ne s’applique qu’à hauteur de 20 % sur le Super. Pas très incitatif ! C’est donc du côté de l’électrique que regardent les chauffeurs. Un choix marginal pour l’instant qui pourrait rapidement devenir la norme. « Ma prochaine voiture sera électrique, c‘est sûr » prédit Stéphane. Actuellement, Toulon compte un taxi purement électrique et quatre véhicules hybrides. « Passer à l’électrique est envisageable, mais il faudra que la ville installe des bornes de recharge aux stations. C’est une discussion qui est en cours » ,annonce le GIE.