Le personnel des urgences à bout de souffle
Le personnel du service des urgences de Sainte-Musse, à l’appel de la CGT, qui se rassemblera, vendredi au 100e jour de grève, continue de tirer la sonnette d’alarme auprès de la direction
Nous ne lâcherons rien », avait déclaré Linda, infirmière au service des Urgences de l’hôpital Sainte Musse à Toulon aux premiers jours du conflit début mars. Elle le prouve en soufflant, demain, le 100e jour de grève des urgentistes. Epuisés mais solidaires, les personnels, à l’appel de la CGT du Centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne (Chits) se rassembleront, demain, à 14 heures, devant le centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne. Une nouvelle fois, ils entendent «réclamer des moyens humains supplémentaires compte tenu de l’augmentation de l’activité ».
« Insupportable »
Si Manon Magagnosc, secrétaire générale de la CGT a reconnu des avancées dans les propositions de la direction, faites début mai, elle ne se satisfait pas des « non réponses de la direction sur les engagements pris, qui demeurent encore flous» . Depuis le début du conflit, le 1er mars, « le renfort en brancardier de nuit et l’infirmier d’accueil et d’orientation aux urgences pédiatriques est enfin effectif, mais les autres propositions de la direction (postes de brancardiers, renforts en période de pic d’activité, remplacements pour combler l’absentéisme, neuvième poste d’infirmier pérennisé, Ndlr) ne sont toujours pas chiffrées », s’agacet-elle. «Un mois après la rencontre du 2 mai, entre la direction et le délégué départemental de l’Agence régionale de santé, et la confirmation par écrit des engagements pris par la direction, nous n’avons toujours pas obtenu de précisions sur le nombre de personnels supplémentaires ni sur le calendrier, déplore la représentante cégétiste, inquiète sur la mise en place de renforts annoncés. C’est peut-être long
de calculer les effectifs et de donner un calendrier, mais on ne peut pas être muet face à la souffrance des personnels. C’est insupportable. Nous ne sommes pas un cas isolé en France. Cela suffit ! » « Nous avons une équipe qui est en grande souffrance, alerte-t-elle. Elle est en capacité de venir travailler la boule au ventre, en larmes. Certains, ce mardi matin, se sont rendus à la médecine du travail. Ce qui nous choque, ce sont les non-réponses de la direction. Qu’est-ce qu’elle attend ? Qu’un agent soit tellement mal qu’il passe à côté d’un patient qui va mourir dans les couloirs ? Pour faire réagir, il faudrait qu’il y ait un drame. Ce n’est plus entendable
pour nous. Nous avons appris à soigner les patients. Nous n’avons pas appris à les traiter comme du bétail. » Vendredi, les représentants de la CGT Santé du CHITS entendent adresser un message fort auprès des pouvoirs publics et des usagers. « La bataille de la Santé ne se gagnera pas qu’avec les personnels. C’est un système global qui dysfonctionne et qui met en danger la population. Elle doit se saisir de cela. L’État doit consacrer à la Santé un budget à la hauteur des besoins. Sinon, c’est de la non-assistance à patient en danger. » Interrogée, hier, la direction n’a pas donné suite à nos sollicitations.