Var-Matin (Grand Toulon)

Le personnel des urgences à bout de souffle

Le personnel du service des urgences de Sainte-Musse, à l’appel de la CGT, qui se rassembler­a, vendredi au 100e jour de grève, continue de tirer la sonnette d’alarme auprès de la direction

- CATHERINE PONTONE

Nous ne lâcherons rien », avait déclaré Linda, infirmière au service des Urgences de l’hôpital Sainte Musse à Toulon aux premiers jours du conflit début mars. Elle le prouve en soufflant, demain, le 100e jour de grève des urgentiste­s. Epuisés mais solidaires, les personnels, à l’appel de la CGT du Centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon-La Seyne (Chits) se rassembler­ont, demain, à 14 heures, devant le centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon-La Seyne. Une nouvelle fois, ils entendent «réclamer des moyens humains supplément­aires compte tenu de l’augmentati­on de l’activité ».

« Insupporta­ble »

Si Manon Magagnosc, secrétaire générale de la CGT a reconnu des avancées dans les propositio­ns de la direction, faites début mai, elle ne se satisfait pas des « non réponses de la direction sur les engagement­s pris, qui demeurent encore flous» . Depuis le début du conflit, le 1er mars, « le renfort en brancardie­r de nuit et l’infirmier d’accueil et d’orientatio­n aux urgences pédiatriqu­es est enfin effectif, mais les autres propositio­ns de la direction (postes de brancardie­rs, renforts en période de pic d’activité, remplaceme­nts pour combler l’absentéism­e, neuvième poste d’infirmier pérennisé, Ndlr) ne sont toujours pas chiffrées », s’agacet-elle. «Un mois après la rencontre du 2 mai, entre la direction et le délégué départemen­tal de l’Agence régionale de santé, et la confirmati­on par écrit des engagement­s pris par la direction, nous n’avons toujours pas obtenu de précisions sur le nombre de personnels supplément­aires ni sur le calendrier, déplore la représenta­nte cégétiste, inquiète sur la mise en place de renforts annoncés. C’est peut-être long

de calculer les effectifs et de donner un calendrier, mais on ne peut pas être muet face à la souffrance des personnels. C’est insupporta­ble. Nous ne sommes pas un cas isolé en France. Cela suffit ! » « Nous avons une équipe qui est en grande souffrance, alerte-t-elle. Elle est en capacité de venir travailler la boule au ventre, en larmes. Certains, ce mardi matin, se sont rendus à la médecine du travail. Ce qui nous choque, ce sont les non-réponses de la direction. Qu’est-ce qu’elle attend ? Qu’un agent soit tellement mal qu’il passe à côté d’un patient qui va mourir dans les couloirs ? Pour faire réagir, il faudrait qu’il y ait un drame. Ce n’est plus entendable

pour nous. Nous avons appris à soigner les patients. Nous n’avons pas appris à les traiter comme du bétail. » Vendredi, les représenta­nts de la CGT Santé du CHITS entendent adresser un message fort auprès des pouvoirs publics et des usagers. « La bataille de la Santé ne se gagnera pas qu’avec les personnels. C’est un système global qui dysfonctio­nne et qui met en danger la population. Elle doit se saisir de cela. L’État doit consacrer à la Santé un budget à la hauteur des besoins. Sinon, c’est de la non-assistance à patient en danger. » Interrogée, hier, la direction n’a pas donné suite à nos sollicitat­ions.

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(Photo Frank Muller) Épuisés, à bout de souffle, les personnels urgentiste­s en grève crieront, encore, leur mal-être, demain, devant les portes de l’établissem­ent.

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