Anna Geli, députée catalane : «l’Espagne n’est pas une démocratie »
Sitôt créé début avril, le Collectif varois de solidarité avec le peuple catalan avait annoncé l’organisation d’une réunion publique sur la situation politique en Catalogne. Plus long que prévu à mettre sur pied, cette réunion aura finalement lieu ce vendredi 8 juin à Toulon, salle Bortolaso, à partir de 19 h. Outre Gérard Onesta (EELV) qui fut observateur international lors du référendum du 1er octobre, et Gustave Alirol (Régions et Peuples Solidaires), secrétaire chargé des questions européennes au Partit Occitan, la députée indépendantiste Anna Geli devrait également y participer. Récemment élue au parlement catalan pour la coalition Junts per Catalunya de Carles Puigdemont, elle a accepté de répondre à nos questions.
Pourquoi venir témoigner en France? Je viens à l’invitation d’un collectif d’amis de la Catalogne pour expliquer ce qui se passe réellement dans mon pays, dénoncer les attaques de l’Espagne contre les droits de l’Homme et civils. Les grands médias français ont donné une information partisane, plutôt favorable au gouvernement central espagnol. J’ai l’impression que le mot « indépendantiste » est très mal perçu en France. La situation politique en Nouvelle-Calédonie n’y est sans doute pas étrangère…
Voulez-vous dire que l’Espagne n’est plus une démocratie ? Absolument. Sinon, comment expliquer que des hommes politiques, pourtant élus démocratiquement au parlement catalan, soient poursuivis par la justice espagnole pour leur opinion, et même jetés en prison.
Pensez-vous que le départ de Mariano Rajoy puisse favoriser la reprise du dialogue ? A priori, ça peut être être perçu comme une bonne chose, mais je reste prudente. Il ne faut pas oublier que le Parti socialiste ouvrier espagnol de Pedro Sanchez, le nouveau Premier ministre, a soutenu Rajoy pour l’application de l’article de la Constitution. Article grâce auquel Madrid a mis la Catalogne sous tutelle en octobre dernier, au lendemain du référendum d’autodétermination.
Justement, où en est l’enquête sur les violences commises lors de ce référendum ? Jusqu’à présent, il n’y a aucune transparence. La police nationale, la Guardia Civil ne collaborent pas. Pas plus que la justice espagnole d’ailleurs. Plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé cette situation. On espère qu’avec le changement de gouvernement, on va enfin connaître la vérité, savoir qui a ordonné aux forces de l’ordre d’intervenir avec autant de violence.