Var-Matin (Grand Toulon)

Les paroles de la fille de la victime

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Perdre un père, un époux, un frère, un ami proche dans un accident : une indescript­ible souffrance. Croiser le regard de l’homme poursuivi comme auteur présumé des faits : souvent un moment complexe. Un mélange de craintes, de colère, d’interrogat­ions qui rend souvent lourde l’atmosphère d’une audience. Ce mercredi, dans la salle des pas perdus, les deux « clans » se sont retrouvés autour d’une douleur extrême. Intense. Une sorte de cercle empreint d’humanité entre ceux qui ont perdu un être cher et d’autres frappés par cette tragédie. L’émotion était palpable autour de cette rencontre peu ordinaire. Avec des mots choisis, sans rancoeur, l’avocate des parties civiles avait évoqué la vie brisée de la victime et des répercussi­ons morales pour ses proches. Il a aussi été évoqué la jeunesse du conducteur, son manque d’expérience un an et demi de permis sans aucun retrait de point au moment de l’accident et son absence de maîtrise du véhicule. Alors que tout n’était qu’obscurité, douleur et tristesse, avec une dignité extraordin­aire, une jeune femme a souhaité échanger quelques paroles avec le jeune conducteur. Un gaillard rongé par la culpabilit­é depuis plus de deux ans qui, les yeux baissés, a écouté la propre fille du motard décédé. Avec douceur face à un homme effondré, elle a commencé à lui parler. sans haine. Sans un reproche. Et, moment hors du temps, si près de lui, elle lui adresse le plus émouvant des messages : « C’était un accident. Si mon père avait dû vous dire quelque chose aujourd’hui, il vous aurait dit de continuer à vivre ». Ne jamais oublier mais avancer. Une belle leçon d’humanité au coeur d’un drame.

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