La marche funèbre des urgentistes à Sainte-Musse
Ils ont crié leur mal-être, se sont allongés au sol devant l’entrée du hall de l’hôpital, ils ont enterré leur profession en suivant un cercueil symbolisant aux portes de l’entrée des Urgences « la mort de leur métier ». Ils ont témoigné en silence, sur de vulgaires cartons, le quotidien des Urgences, et celui de patients, souvent âgés, allongés des heures durant sur des brancards... Hier après-midi, au 100e jour de grève du service des Urgences de l’hôpital Sainte-Musse, à l’appel du syndicat CGT du centre hospitalier, l’émotion était lourde. « Les équipes sont en grande souffrance », a martelé Manon Magagnosc, secrétaire générale de la CGT. Des silences, des larmes refoulées, comme celle de Linda, infirmière urgentiste depuis 7 ans : « 100 jours de lutte où nous voyons nos collègues, amis, démissionner, s’arrêter pour burn-out par épuisement, par mépris...» Silence face à la cinquantaine de blouses blanches, de citoyens, de représentants de forces politiques (PCF, France Insoumise), et les sapeurs-pompiers par le biais du syndicat autonome SPP PAT 83, représenté par Sébastien Jansem. « Nous aimons la spécificité de notre travail, basée sur le binôme médecin-paramédical. Nous nous perfectionnons sur nos temps de repos. Nous aimons cette adrénaline que nous procure notre métier. Mais à quel prix ? Nous avons choisi ce métier pour soigner notre prochain, et pas pour en devenir des victimes nous-mêmes »,a crié Linda, encouragée par les applaudissements. Les annonces de la direction – huit postes créés aux Urgences depuis le mois de mai, (lire notre édition d’hier) – ne gomment pas les inquiétudes de la CGT. A trois semaines de la nouvelle rencontre, le 25 juin, entre la direction et l’Agence régionale de santé, elle juge « ces renforts largement insuffisants. Nous voulons des moyens pour de bons soins, toute l’année et partout.»