Var-Matin (Grand Toulon)

Une jeune cinéaste seynoise primée à Cannes

Naïs Graziani est cinéaste. Elle enchaîne les jobs d’assistante casting ou réalisatri­ce sur les films d’autres metteurs en scène. En attendant de faire le sien, son dernier court s’est fait remarquer à Cannes

- VIRGINIE RABISSE vrabisse@varmatin.com

Elle veut jouer dans la cour des grands. Et c’est justement par un court que Naïs Graziano s’est fait remarquer. Un court-métrage de sept minutes, intitulé La Nuit, qui lui a valu, il y a quelques semaines, le grand prix internatio­nal du Festival Off de Cannes, catégorie cinéma, qui récompense les espoirs de la réalisatio­n. Une reconnaiss­ance pour sa – seulement – deuxième réalisatio­n, après La Taupe, qui n’émeut pas plus que ça la jeune Seynoise de 25 ans. «Ça me permet surtout d’être vue. C’est une carte de visite », explique-t-elle. De sa voix grave dans laquelle on entend toute la déterminat­ion de ceux qui croient dur comme en fer en leur avenir, elle se dit carriérist­e. Qu’importe si le terme est souvent chargé d’un jugement négatif. Elle préfère laisser une impression d’assurance, de toute façon «indispensa­ble, dit-elle, dans un milieu très masculin». Elle assume donc de tout faire pour aller au bout du rêve qui l’anime depuis les films de Godard ou de Truffaut qu’elle regardait avec son père… à tout juste 4 ans ! « J’ai récemment croisé la directrice de mon école qui m’a demandé si je travaillai­s dans le cinéma. Elle se souvenait que, petite, je disais vouloir être réalisatri­ce!» Avec force, elle assure: « Je n’ai pas de plan B!» Assise à la terrasse d’un café aux Sablettes, là où elle passe parfois ses soirées avec ses amis et alors que le ciel se dégage enfin, Naïs affiche ce sourire qui ne la quitte jamais. Elle évoque sa passion et le chemin qu’elle suit inexorable­ment pour la faire vivre. Née à Ollioules en septembre 1992, la jeune femme a fréquenté pendant toute sa scolarité les établissem­ents de l’ouest varois. L’école ToussaintM­erle, puis chez les maristes et le lycée Beaussier pour un bac éco. Tous à La Seyne. Parce qu’elle est attachée corps et âme à sa région, aux pétanques au Gaou, aux soirées sur la plage du Brusc. Forcément, avec une grande école de cinéma publique à Aubagne, le Satis, l’occasion est trop belle de faire cohabiter plan de carrière et amour de la Provence. Naïs y coche l’option «montage vidéo». Mais très vite, elle se rend compte que son truc à elle, c’est la réalisatio­n. La création. Car si son plan pour devenir cinéaste est très carré, la jeune femme a l’âme d’un poète. «Je veux mettre de la lumière là où les gens n’en voient pas forcément.» Une dualité sûrement à mettre sur le compte de la génétique: elle semble avoir hérité du côté scientifiq­ue de sa mère Nadine, psychologu­e, et de la part artistique de son père, Don-Pol, peintre et poète. Alors, contre l’avis de ses professeur­s, Naïs effectue ses stages dans la mise en scène. Notamment comme assistante-réalisatri­ce sur Les Guignols ou sur Plus belle la vie .« Ça m’a ouvert des portes!», assure-t-elle. Des portes qui la mènent à son stage de fin d’étude en 2015 sur Chouf de Karim Dridi, où elle fait un pas de géant en tant que scripte. Ensuite, parce qu’ « il ne faut rien refuser», elle enchaîne les postes d’assistante-réalisatri­ce et assistante casting. Sur de gros morceaux comme Marseille, la série de Netflix avec Gérard Depardieu, Les Aventures de Spirou et Fantasio d’Alexandre Coffre ou encore Gueule d’Ange de Vanessa Filho avec Marion Cotillard. Mais aussi des projets un peu moins en vue comme les téléfilms Le Sang des îles d’or pour France 3 ou Jonas – d’abord intitulé Game boy (nos éditions du 29 août denier) – du Toulonnais Christophe Charrier pour Arte. La preuve pour Naïs Graziani que faire carrière dans le septième art ne rime pas nécessaire avec «monter à Paris». «Je veux montrer qu’on n’est pas obligé de prendre le métro tous les jours pour réussir dans le cinéma.» Dernièreme­nt, elle a même vraiment travaillé à domicile aux côtés du réalisateu­r Gabriel Julien- Laferrière, qui a posé ses caméras aux Sablettes pour C’est quoi cette famille?! 2, avec Julie Gayet. Cette famille en l’occurrence, c’est la seconde que s’est trouvé la jeune cinéaste. « J’ai besoin d’être entourée. Or le cinéma, c’est le seul art où on n’est pas seul…» Et si ce n’est pas le seul art qui lui parle – elle a fait du théâtre pendant huit ans, s’est essayée à plusieurs instrument­s de musique, s’intéresse au street-art, au rap et au hip-hop –, c’est définitive­ment celui qui la fait vibrer. Alors, avec la même simplicité que celle de sa petite robe estivale en coton, elle lâche: «J’aimerais beaucoup faire un long-métrage. Il faut que ça arrive le plus vite possible. Au plus tard, pour mes 30 ans! » En attendant, Naïs Graziani prépare déjà son troisième court-métrage.

Mettre de la lumière là où on n’en voit pas” Pas obligée de prendre le métro pour réussir”

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(Photos Luc Boutria) Elle est convaincue que la roue tourne en sa faveur et aucune alternativ­e n’est possible : la Seynoise Naïs Graziani réalisera d’ici à ses  ans son premier long-métrage.
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La cinéaste de  ans ne croit pas en l’obligation de « monter à Paris » pour réussir dans le cinéma. Et elle le montre : elle enchaîne les collaborat­ions sur des tournages qui se déroulent dans la région.

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