Les brioches font briller des jeunes de l’IME Jean-Itard
Sept élèves d’une classe de l’Institut médico-éducatif externalisé au lycée du Golf Hôtel à Hyères ont fini 3es d’un concours ouvert aux IME et aux Ulis. Le 20 juin ils visiteront le parlement européen
Qui aurait cru qu’une recette de brioche – trois pour être exact – allait conduire dans quelques jours, une poignée d’élèves de l’Institut médico éducatif Jean Itard de Collobrières au coeur du centre névralgique de l’Union européenne à Bruxelles: le parlement européen. C’est pourtant grâce à une cozonac, un panettone et une brioche des rois qu’Anais, Aline, Marin, Sarah, Adam, Christophe ou encore Sofiane, élèves de l’Unité d’enseignement UGECAM PACA ont séduit fin mai à Paris le jury du concours Europ’Affiche ouvert aux IME et aux ULIS de l’hexagone et organisé par la Fondation Jérome Lejeune. « On a reçu un papier de la Fondation Jerome Lejeune qui fait plein de choses autour du handicap et qui expliquait qu’elle organisait un concours sur l’Europe sur un thème prédéfini, explique Mélanie Millet, enseignante à l’IME. Nous avons choisi les desserts européens. Il fallait parler de la France et de deux autres pays en présentant une oeuvre sur les trois pays choisis. » Pour éviter toute mauvaise surprise lors du transport de l’oeuvre finale vers Paris à l’occasion de la présentation, c’est vers les biscuits que se sont tournés les élèves, puis vers les brioches. « Une professeur roumaine du lycée est venue nous parler de son pays et de sa brioche traditionnelle, la cozonac. Nous sommes partis làdessus. Nous avons également choisi le Pannetone et la brioche des rois. » De là est né ce projet pluridisciplinaire lancé en janvier 2018 mais qui a véritablement décollé en mars une fois la possibilité de se rendre sur Paris validée de toutes parts. Après avoir choisi les desserts, il a fallu décider comment présenter la chose au jury. Décision a été prise de créer un support rond comme un plateau, décoré des étoiles de l’Europe et d’un acrostiche qui mettrait en avant ses valeurs. Derrière lui, un fond qui présenterait les brioches avec une carte de l’UE. « Nous avons demandé au professeur d’arts appliqués de nous donner un coup de main », souligne l’enseignante. Puis a celui de sérigraphie qui a donné de son temps pour faire avancer le projet.
Adhésion des professeurs
«Nous avons reçu l’aide de cinq enseignants du lycée de façon spontanée, insiste Mélanie Millet, – très – fière du travail accompli. C’était un super-projet, qui nous a occupés une grande partie de l’année, et qui a rencontré l’adhésion des enseignants du lycée et des élèves. Ca leur a permis de voir que nos élèves sont attentifs. Les enseignants eux, ont donné de leur temps libre. C’est la première fois qu’on fait un projet avec autant d’intervenants. Les enseignants étaient super ouverts et avaient envie de nous aider et de faire quelque chose de chouette pour le concours. Tout le monde s’est donné à fond, complète-t-elle enthousiaste, n’oubliant pas de remercier le lycée du Golf Hôtel qui a accepté de jouer le jeu. Une fois le travail terminé, c’est fin mai, dans la capitale, que le petit groupe d’élèves accompagné de leur enseignante et d’éducateurs est allé « vendre » son travail. Une expérience inédite pour beaucoup mais qui, elle aussi, a fait partie intégrante du projet. « Pour certains c’était la première fois qu’ils allaient à Paris et se retrouvaient loin de la maison. Ils ont été très attentifs à ce qu’ils voyaient, on a visité le Louvre, ils ont posé plein de questions, ils ont juste détesté le métro», reconnaît Mélanie Millet. Puis, face au jury, ils ont également fait honneur à l’IME et au lycée du Golf Hôtel. « Le Jour J, chaque groupe a présenté son travail. Il a fallu faire une introduction, les élèves avaient appris un petit scénario en roumain, avec la professeur de roumain. Ils ont appris un texte qu’ils ont beaucoup répété, ils ont été au top…» Et d’ajouter: « Après on a essayé d’acheter le jury avec des brioches et ça a marché, on a fini 3e ²(rires)... » Une place sur le podium qui leur ouvre donc grand les portes du Parlement européen le 20 juin prochain, qu’ils visiteront en compagnie d’un député. Une nouvelle expérience inédite mais à la hauteur de leur investissement. « C’est une classe ouverte vers l’ordinaire, c’est la philosophie de l’IME : on externalise un maximum nos classes », souligne l’enseignante a qui cette aventure a donné des idées pour les années futures. Avant ça il y a un voyage à Bruxelles à finaliser, un énième défi à l’heure où les démarches administratives peuvent parfois représenter autant sinon plus de tracas que le projet en luimême...