Et vogue le cynisme
Il suffit d’un navire à la dérive pour que les politiques touchent le fond. En quelques heures, l’Aquarius est devenu depuis dimanche le symbole de la crise migratoire en Europe. Interdire au bateau de SOS Méditerranée et à ses naufragés l’accès à ses ports a offert au ministre italien de l’intérieur Matteo Salvini une occasion inespérée de prouver que son refus d’accueillir des migrants n’est pas uniquement une promesse de campagne. Emmanuel Macron, qu’on a déjà connu plus réactif, a attendu deux jours avant de pointer, hier, « la part de cynisme et d’irresponsabilité du gouvernement italien » sans pour autant formuler la moindre proposition. Un retard à l’allumage et une position qui ont fait tousser dans les rangs de la majorité, une dizaine de députés LREM dénonçant le silence gêné de l’exécutif. Au delà du concert de réactions convenues, du Rassemblement national (Marine Le Pen : « Qu’ils retournent d’où ils viennent ») à la France Insoumise («L’Espagne a sauvé l’honneur de l’humanité»), la palme de l’opportunisme toutes catégories revient sans hésitation aux élus nationalistes corses. En proposant d’accueillir le navire de SOS Méditerranée, l’exécutif corse s’est offert un joli coup politique. Si personne n’a bien évidemment imaginé une seule seconde que le bateau puisse accoster à Bastia ou PortoVecchio, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni ont mis en évidence l’indifférence de la France et marqué une nouvelle fois leur désir d’autonomie. Merci l’Aquarius.
« La palme de l’opportunisme revient aux élus nationalistes corses.»