Var-Matin (Grand Toulon)

Et vogue le cynisme

- DENIS CARREAUX edito@nicematin.fr

Il suffit d’un navire à la dérive pour que les politiques touchent le fond. En quelques heures, l’Aquarius est devenu depuis dimanche le symbole de la crise migratoire en Europe. Interdire au bateau de SOS Méditerran­ée et à ses  naufragés l’accès à ses ports a offert au ministre italien de l’intérieur Matteo Salvini une occasion inespérée de prouver que son refus d’accueillir des migrants n’est pas uniquement une promesse de campagne. Emmanuel Macron, qu’on a déjà connu plus réactif, a attendu deux jours avant de pointer, hier, « la part de cynisme et d’irresponsa­bilité du gouverneme­nt italien » sans pour autant formuler la moindre propositio­n. Un retard à l’allumage et une position qui ont fait tousser dans les rangs de la majorité, une dizaine de députés LREM dénonçant le silence gêné de l’exécutif. Au delà du concert de réactions convenues, du Rassemblem­ent national (Marine Le Pen : « Qu’ils retournent d’où ils viennent ») à la France Insoumise («L’Espagne a sauvé l’honneur de l’humanité»), la palme de l’opportunis­me toutes catégories revient sans hésitation aux élus nationalis­tes corses. En proposant d’accueillir le navire de SOS Méditerran­ée, l’exécutif corse s’est offert un joli coup politique. Si personne n’a bien évidemment imaginé une seule seconde que le bateau puisse accoster à Bastia ou PortoVecch­io, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni ont mis en évidence l’indifféren­ce de la France et marqué une nouvelle fois leur désir d’autonomie. Merci l’Aquarius.

« La palme de l’opportunis­me revient aux élus nationalis­tes corses.»

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