Var-Matin (Grand Toulon)

TENIR LE CHOC APRÈS L’ATTAQUE AU LECLERC

Reportage à La Seyne après l’agression au cutter de dimanche. Au terme de sa garde à vue, l’assaillant­e de  ans doit être déférée ce matin. Elle a crié « Allahu akbar » mais la piste terroriste n’est pas établie.

- SIMON FONTVIEILL­E sfontvieil­le@nicematin.fr

Depuis la mise en place de la cellule psychologi­que, à 7 heures ce matin, une dizaine d’employés y sont allés.» Dans son bureau du

(1) premier étage du Leclerc des Sablettes, Laurent Goujon, le P.-d.g. du supermarch­é, reste en alerte. Dimanche, alors qu’un de ses clients et une de ses employées sont agressés au cutter (lire cidessous), il est en week-end à Amsterdam. Ses équipes le préviennen­t quelques minutes après ce qui aurait pu virer au drame, lui racontent tout par le menu.

Rayon mercerie

Depuis les Pays-Bas, il suit le cours des événements, contacte un psychologu­e… « Je n’y étais pas, mais c’est tout comme », glisse le patron. Plan du magasin étalé sur la table, il retrace les quelques minutes surréalist­es de ce dimanche matin. « Vingt-cinq employés étaient présents. L’agresseuse est arrivée par l’entrée principale, est passée devant les caisses et a sauté sur un client dans le rayon mercerie, détaille M. Goujon. La petite hôtesse d’accueil a cru que c’était une altercatio­n entre clients, elle a voulu les séparer mais n’avait pas vu le cutter… Elle a eu une entaille au-dessus de l’oeil gauche.» C’est là qu’intervienn­ent trois autres employés. «Le manager du week-end a bloqué les poignets de la jeune femme contre la gondole. Le responsabl­e du rayon fruits et légumes est alors arrivé et l’a bloquée au sol. Un jeune qui met en rayon a, lui, fait un point de compressio­n à la victime.» Dix minutes plus tard, la police arrive. La sécurité du magasin devra-t-elle être mieux assurée ? Difficile. « On a déjà un vigile, et ces attaques frappent sans prévenir… », juge M. Goujon. Si le P.-d.g. est «très fier »de ses employés - « des policiers sont encore passés pour dire “l’équipe du magasin, chapeau !”» – l’heure est désormais à l’encaisseme­nt du choc. Car celui qui dirige le supermarch­é depuis 2000 est formel : si le magasin a déjà subi des braquages dans son histoire, c’est la première fois qu’il est le théâtre d’une attaque de ce calibre.

État de choc post-traumatiqu­e

« J’accueille ceux qui le veulent, explique Gérard Campanelli, psycho-praticien toulonnais en charge de la cellule psychologi­que, en lien avec la médecine du travail et l’Agence régionale de santé. Certains ont assisté à la scène, d’autres non. Beaucoup sont en état de choc post-traumatiqu­e, les gens ont besoin de parler. » Aux dires du profession­nel, certains ont du mal à dormir, d’autres ont l’histoire tournant en boucle dans leur tête. « Des employés sont très impactés, mais ça dépend beaucoup des sensibilit­és de chacun. L’idée, c’est d’intervenir très rapidement pour que le trauma ne se cristallis­e pas. Après, en fonction de ce qui ressort, je dis à certains d’aller voir leur médecin traitant et de se tourner vers un psychiatre. » La cellule d’écoute s’est tenue toute la journée et pourrait, si le besoin s’en fait sentir, être prolongée.

Tourner la page

Si, aux dires de la direction, les employés ayant assisté à l’attaque sont «en pause le temps qu’ils veulent», reste à faire toute la lumière sur cette affaire pour y mettre un point final. Et notamment à définir clairement le profil psychologi­que et les mobiles de l’agresseuse. «Elle n’a pas l’air d’être une intégriste, plutôt une déséquilib­rée, estime le P.-d.g. Elle était déjà venue une ou deux fois dans le magasin, parfois ça allait bien, parfois non… Mais j’espère qu’on passera vite à autre chose. » 1. Hier soir à 21 heures, quatorze personnes s’étaient rendues à la cellule.

 ??  ??
 ?? (Photos D. Leriche) ?? Le P.-d.g. du Leclerc des Sablettes, Laurent Goujon, est «très fiers de ses équipes». Le maire de La Seyne, Marc Vuillemot est lui passé dans le supermarch­é hier matin pour exprimer son soutien aux employés.
(Photos D. Leriche) Le P.-d.g. du Leclerc des Sablettes, Laurent Goujon, est «très fiers de ses équipes». Le maire de La Seyne, Marc Vuillemot est lui passé dans le supermarch­é hier matin pour exprimer son soutien aux employés.

Newspapers in French

Newspapers from France