Darren Criss pas si «méchant » au festival TV de Monte Carlo
Vous jouez dans American Crime Story, une série qui relate les grands crimes américains. Comment vous expliquez cette fascination de la société pour des sujets aussi macabres ? Je pense que cela a toujours été le cas. La société a toujours été fascinée par les crimes. L’opéra français, allemand, Shakespeare, la tragédie grecque : toutes les meilleures histoires tournent autour de l’obsession pour les meurtres et le sexe, la tragédie, la déception. On a toujours gravité autour de ce qui est extrême. Le crime soulève tant de questions ! On se demande toujours comment on a pu arriver
là. Ce qui est fou dans cette histoire-là, c’est que c’est qu’elle est vraie.
Vous y jouez le rôle de Andrew Philip Cunanan, le tueur en série qui a abattu Gianni Versace devant chez lui en . Comment se prépare-t-on à jouer un tueur en série ? En fait, on ne joue pas le rôle d’un tueur en série. Ce n’est qu’une partie de lui. Si vous ne jouez que cette partie-là, vous passez à côté de l’histoire. Si je devais jouer votre rôle, je ne jouerais pas que le journaliste. Vous êtes bien plus que cela. La vie, l’homme, c’est tellement complexe ! La palette des couleurs qui compose la personnalité d’un être humain est tellement variée. C’est du vert, du rouge, du jaune. Là on joue tout. Pas seulement un aspect. C’était un jeune homme compliqué, et c’était important d’aller en profondeur pour voir ce qu’il y a sous sa peau.
Maintenant que vous connaissez bien sa personnalité, quel regard portez-vous sur Andrew Philip Cunanan ? Mon coeur se brise quand je pense à lui. Je ne suis pas effrayé, ou écoeuré. Vraiment, je ressens beaucoup de tristesse. Il y a une tragédie parce qu’il y a des vies ôtées, bien sûr. Mais il y a une plus grande tragédie encore parce qu’il y a une vie qui est totalement gâchée, et qui va oter les autres. Une telle perte de potentiel ! C’était un gars doué, intelligent, sympa. C’était le premier à faire la fête. Mais son état mental, la société, la consommation de drogue, sont autant de facteurs qui l’ont transformé. Au lieu d’être des facteurs positifs, ce sont devenus des facteurs de transformation négative. Et c’est vraiment triste, parce que quand vous regardez la série, vous espérez qu’il ne passera pas à l’acte. Et quand il le fait, vous ressentez beaucoup plus de frustration que de colère. Tout aurait pu tellement mieux se passer. C’est ça, la tragédie.
Dans Glee, votre personnage est un adolescent gay, et dans American Crime Story, c’est un tueur gay. Qu’est-ce qui vous intéresse dans ces rôles ? C’est une coïncidence. Je n’y pense pas trop. Ce qui m’intéresse c’est une bonne histoire. Et ces personnages ont une histoire intéressante. Ce qui est intéressant avec un personnage gay, c’est que c’est soit une histoire héroïque soit une tragédie. Les hommes et les femmes qui ont dû affronter les obstacles imposés par la société, et qui ont réussi à les surmonter sont devenus véritablement résilients. Et ça, c’est héroïque. Et de l’autre côté, il y a ce gars (Andrew Philip Cunanan, Ndlr) : les obstacles l’ont totalement dévoré vivant. Et son combat contre sa propre homosexualité est devenu une vraie tragédie. Dans les deux cas, ce sont des personnages complexes.