Au bord du lac

Le gros avantage avec Istra la douce, c’est qu’elle vous surprend toujours. On l’a beaucoup trop critiquée depuis une semaine pour ne pas lui reconnaître certaines vertus. Ce n’était pas volé, mais on la découvre peu à peu. Elle est différente, voilà tout. Un peu hors du temps… Bordé par une immense forêt de sapins, son lac est une merveille. Il était tard ou tôt – peu importe – quand on y a trempé nos pieds, nos jambes puis notre tête. L’eau était glacée, mais ce n’était pas un pari perdu, même pas. Je fêtais mon anniversaire, au bout du monde. Guillaume dit « La Duf », aussi. Un bon, forcément… On avait rassemblé du monde. Pour resserrer les liens. Souder le groupe. Une Coupe du monde, c’est aussi une affaire de détails. Tous les copains ont répondu présent, pas comme nos Bleus qui ont joué leur partition chacun de leur côté. Nous, on est resté soudés jusqu’au bout. Certains se sont révélés. Ensemble, c’est tout. On s’est pris dans les bras, on a chanté du Johnny, placé du Nicolas Jaar, le DJ a fini par craquer et Vincent, un autre, a perdu un iPhone. Ça ne vous rappelle rien ? C’est une belle personne, il ne méritait pas ça… Nous, on n’a rien perdu. Un miracle. On a longtemps attendu, des heures même, un taxi qui n’est jamais venu, au bord d’une route en rase campagne. Mon portable s’est éteint, celui de Fabrice aussi. C’était la fin… On s’est posé dans l’herbe. Elle était souple. On était bien. Quelle vie !