Var-Matin (Grand Toulon)

Une complicité en Nord

Le Hyérois Patrick Bernard et son fils Noé, 14 ans, débutent un périple de 12500 km jusqu’à l’extrême nord de la Norvège. Au bout de la route, le soleil de minuit et des souvenirs complices

- SYLVAIN MOUHOT

Vendredi 22 juin au matin, ils ont largué les amarres depuis Hyères. Façon de parler puisque leur navigation sera 100 % terrestre, les crampons rivés dans l’asphalte, sauf pour la traversée en ferry entre le Danemark et la Norvège. Quatre semaines de bourlingue et 12 500 km à avaler. Pour quoi faire ? Prendre le large, pardi. Découvrir d’autres horizons, se vider la tête. « Je voyage à moto depuis que j’ai 16 ans. C’est comme une seconde nature. Tous les quatre - cinq ans environ, il faut que j’ouvre une soupape pour échapper au quotidien », explique Patrick Bernard, 52 ans, rédacteur technique (Naval Group, Airbus, etc.) dans le civil.

« Une ouverture sur le monde »

Accessoire­ment, le voyage nouera des liens forts entre un père et son fils, Noé, 14 ans, qui rentrera à 3e à Jules-Ferry à la rentrée. « Je n’y vois pas forcément une transmissi­on père - fils , reprend Patrick. Je pense plutôt à une ouverture sur le monde à travers le deux-roues motorisé. Cette moto, bardée d’autocollan­ts et de décoration­s qui retracent mes précédents voyages, suscite toujours l’attention à l’étranger, de quoi lancer le dialogue avec les habitants. » Après une première étape à Mulhouse (760 km) où ils visiteront de la famille, Patrick et Noé ne respectero­nt pas d’itinéraire préétabli. « Le meilleur des plans c’est de ne pas en avoir. » C’est la prime à l’aventure, des nuits qu’ils prévoient en camping, sauvage ou pas, voire chez l’habitant. En Norvège, ils empruntero­nt dix-sept des dixhuit plus belles routes touristiqu­es répertorié­es localement. Au bout du chemin, le cap Nord, point le plus septentrio­nal du continent européen. Au-delà, la mer de Barents et l’océan Arctique.

Qui conduira, voilà une bonne question

« Pour les voyageurs, c’est l’une des routes les plus mythiques au monde, avec la route 66 et la route de la Soie. Symbolique­ment, il s’agit d’aller au point le plus au nord par ses propres moyens, voir le soleil de minuit, avant d’engager le voyage retour vers ses sources, son quotidien », explique Patrick Bernard. Ils passeront par la Suède dans la redescente. La moto est une BMW GS 1000 cc de 1988 qui affiche 177000 km au compteur. « Elle tiendra le choc, j’ai confiance en elle. Un préparateu­r de Gonfaron lui a fait subir une grosse révision. » Qui conduira ? Voilà une bonne question. « Ce sera moi évidemment, reprend-il, parce qu’il faut avoir l’habitude de manier la moto avec ce chargement de 420 kg. » Allez, au détour d’un chemin désert au cercle polaire, le minot prendra le guidon pour voir. Dans les sacoches, une tente, des sacs de couchage, matelas gonflables, réchaud à essence. Une caméra aussi puisque le trip donnera lieu à un roadmovie et un carnet de route. Il est aussi possible de suivre l’évolution du duo sur Facebook (1). Rencontré à deux jours du départ, Noé était impatient. « Je sais que ce sera une belle aventure. Je pense que je vais développer la patience et devenir plus débrouilla­rd », avoue-t-il. Anne-Laure, sa maman elle aussi motarde, est quand même un petit peu inquiète. Mais elle a eu son propre voyage à Londres, rappelle son mari. Façon de dire, chacun son tour. Allez, roulez jeunesse ! 1. Pour suivre le périple de Patrick et Noé sur Facebook : 45e parallèle Nord.

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(Photo S. M.) Patrick Bernard, bourlingue­ur devant l’éternel, emmène cette fois-ci l’un de ses trois fils, Noé, dans ses bagages.

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