«Touchez pas à mon Grizou»

Paul Pogba ne vient presque jamais en conférence de presse. Hier, il était là, une première depuis quatre ans, alors, il a fait le show

Il a pris le relais de Corentin Tolisso, face à une soixante de journalistes tout excités à l’idée qu’il soit là, face à eux, en chair et en os. Paul Pogba s’en doutait. Alors, il a débarqué tout sourire dans la salle et a de suite détendu l’atmosphère. « Vous êtes tous là pour moi? Je vous aime tellement, vous m’avez manqué, a-t-il débuté, provoquant un éclat de rire général, dans la salle. Je sais, vous m’aimez beaucoup, mais je ne suis pas très bavard. » Une posture, car, hier, « La Pioche » avait plein de choses à raconter lors d’une opération reconquête des coeurs menée à la perfection. Après les critiques du début de préparation, liées à des performances souvent neutres en équipe de France, Pogba a pris les choses en mains en ce début de Mondial. Décisif face à l’Australie et le Pérou, il rêve de titre suprême. « Bien sûr que j’y pense. J’ai envie de gagner cette Coupe du monde. On ne sait pas, qui sait, peut-être qu’il s’agit de ma dernière. Alors, je vais tout donner pour ce maillot, pour la France. »

Didier Deschamps dit que vous avez tout mais que vous ne pouvez pas tout faire. Cela vous inspire quoi? C’est un beau compliment, je trouve. Il veut dire que je peux jouer à droite, à gauche, plus haut au milieu, plus bas, mais que je ne peux pas marquer et faire marquer à chaque match. Le coach m’a toujours soutenu.

On vous sent épanoui. S’agit-il de votre meilleure période en équipe de France? On forme une vraie famille, la Coupe du monde, c’est du plaisir. On ne sait jamais, ça pourrait être ma dernière. Alors, je mets de côté les critiques, il n’y a que le terrain qui parle.

Quelles sont les

critiques qui vous touchent le plus? Celles sur vos performances ou votre personnalité? Il y a en a tellement. Ce qui a tout changé, c’est mon transfert à  millions d’euros à Manchester. Depuis, on ne parle que de ça, ma vie n’est plus la même. Franchement, je suis moi, tout simplement, « la Pioche ». J’aime rigoler, sourire, danser et jouer au foot. Je me sens épanoui. C’est du plaisir d’être ici. Après, c’est la mentalité française. Je n’ai pas le droit de me faire une coupe de cheveux et de jouer au football. Je ne comprends pas trop (rires)… Quand on jouait à l’US Torcy, on allait manger un grec avant et on gagnait - derrière. Aujourd’hui, quand je danse et qu’on gagne derrière, on ne dit rien. C’est la mentalité française mais ce n’est pas grave. Il faut me prendre comme ça.

Vous avez appris des choses cette saison avec José Mourinho, lequel a fini par vous écarter du onze… Je pense avoir été meilleur que la saison d’avant, donc, c’est positif… Avec Mourinho, il n’y a rien de bien méchant. Je n’avais jamais été écarté du onze. C’est le choix du coach, je dois accepter.

Après le match contre le Pérou, vous avez dit que Kylian Mbappé avait changé de métier et qu’il devait « fermer des bouches ». Cela signifie quoi? Kyky, c’est un talent, tout le monde le sait. On attend tellement de lui. Il ne peut pas marquer trois buts à chaque match. Il est en phase de progression, encore. Fermer des bouches? Oui, car, son boulot n’est plus uniquement de prendre du plaisir et marquer des buts.

L’objectif, c’est de gagner cette Coupe du monde? On n’est pas venu en Russie pour danser mais pour gagner ce trophée. Mais c’est dur. Il n’y a pas de petites équipes, pas de joueurs moyens… Il faudra se battre à chaque fois, tout donner.

Comment sentez-vous Antoine Griezmann? Il est bien, joyeux. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas marqué contre le Pérou qu’il a raté son début de compétition. Sa décision de rester à l’Atlético ne change rien également. Attention, ne touchez pas à mon Grizou (sourire)! Rappelezvous l’Euro! On est qualifié en huitième, déjà… Il fait un boulot défensif incroyable.