Django-Reinhart pour rendre la vue
« Les entreprises devraient demander conseil aux élèves !» Voilà la conclusion à laquelle arrive Salem Moumen, professeur de technologie au collège Django-Reinhart de Toulon. Ses élèves de la 4e7, MaliaAna, Marc, Lorna et Aurélie, ont en effet remporté le premier prix du défi Teknik de Face, dans la catégorie spéciale, qui récompense un investissement de plus de quatre heures supérieur au temps prévu initialement – deux séances de deux heures et deux autres d’une heure et demie. Un investissement, depuis novembre dernier, duquel est née la « vision universelle » : un projet destiné à permettre aux malvoyants de visualiser le monde qui les entoure. Les quatre collégiens ont imaginé un oeil artificiel qui, équipé de capteurs et d’une carte quantique, permet de modéliser l’image et de la transmettre, via le nerf optique, au cortex visuel.
Concept et entraide
Un concept bien au-delà de leurs connaissances académiques : neurosciences, intelligence artificielle et même bioéthique. « Nous avons fait beaucoup de recherches », souligne Marc, et, ajoute Malia-Ana, « M. Moumen nous a beaucoup aidés ». Lorna complète : « Nous nous sommes aussi beaucoup servis de notre imagination. » « On a appris comment développer un projet, reprend Marc, mais aussi comment le vendre. Et nous avons pris plaisir à le concevoir tous ensemble, avec entraide. » L’idée leur est venue après avoir vu un reportage sur une jeune Chinoise atteinte de cécité. « On arrive bien à faire des prothèses, pourquoi ne pourrait-on pas redonner la vue », lance Lorna. « Contrairement aux adultes qui ont tendance à “bloquer”, ces jeunes n’ont aucun frein », s’étonne presque Salem Moumen, qui précise qu’un autre groupe s’est illustré, remportant le deuxième prix académique avec son projet « habitat écologique autonome ».
Acteurs de l’éducation
« Les élèves deviennent acteurs de leur éducation, s’enthousiasme la principale de l’établissement Sylvie Aubrun. Leur enseignement ne se limite pas au programme car, à Django-Reinhart, nous utilisons de plus en plus la pédagogie de projet. » Ainsi, le collège multiplie les partenariats – avec le Département ou le théâtre Liberté par exemple –, à l’instar de celui avec la fondation Face. « En deux ans, nous avons accompagné près de trois mille élèves varois», note de son côté Olivier Cavallo, président de Face Var. Pour celui qui est par ailleurs directeur de Véolia Var, l’intérêt du dispositif est «la transmission de la motivation, de l’envie et de la fierté d’entreprendre ». Le tout dans un seul but : lutter contre les discriminations.