Var-Matin (Grand Toulon)

Pourquoi la plage de Mar-Vino n’est pas réensablée

Contrairem­ent à ce que beaucoup espéraient, il n’y aura pas d’apport de sable pour la saison, du fait d’un problème technique doublé d’une difficulté administra­tive...

- PROPOS RECUEILLIS PAR M. G. mguillon@nicematin.fr

Les habitués de la plage de Mar-Vivo devront se faire une raison. Le site ne fera pas l’objet d’un réensablem­ent cet été. Explicatio­ns avec Gilles Vincent, maire de Saint-Mandrier, vice-président de la métropole TPM en charge des plages, et président du conseil portuaire de Saint-Elme.

Qu’était-il prévu pour rengraisse­r la plage de Mar-Vivo cet été ?

J’avais proposé que du sable et des posidonies extraits du port de Saint-Elme soient apportés sur la plage de Mar-Vivo afin de constituer ce que l’on appelle un mille-feuille. Cette technique consiste à superposer des couches de sable et des couches de posidonies afin de redonner une épaisseur à la plage, mais surtout de la protéger des attaques des vagues – et donc de l’érosion. En outre, ce procédé présente un intérêt écologique car les feuilles de posidonies, en se dégradant lentement, continuent d’apporter des éléments nutritifs minéraux et organiques aux écosystème­s marins. Cela a été testé avec succès depuis deux ans à Saint-Mandrier, sur la plage de Sainte-Asile. Du reste, il s’agit d’une technique recommandé­e dans le cadre des « contrats de baie » et dans le cadre du volet maritime du Scot ().

Les acteurs seynois soutenaien­t-ils votre propositio­n ? Nous en avons discuté avec le maire de La Seyne, qui a mis en oeuvre cette même technique l’an dernier sur la plage de Saint-Elme. Nous trouvions tous les deux que cela pouvait être testé cette année à titre expériment­al à Mar-Vivo (où seul du sable extrait du port de Saint-Elme avait été apporté l’an dernier). Et si ça fonctionna­it, on aurait pu consulter la population, en expliquant qu’on recourt à cette technique du mille-feuille quand il n’y a plus de plage du fait des courants qui tapent au niveau de Sicié et qui entraînent un contrecour­ant lequel emporte le sable de Mar-Vivo vers Saint-Elme.

Et qu’est-ce qui empêche de faire cette expériment­ation cet été ? Eh bien, pour faire un millefeuil­le, il faut avoir du sable. Or, contrairem­ent à l’an dernier, il n'y a pas eu assez de sable extrait du port de Saint-Elme lors de l’opération d’enlèvement des posidonies. Il aurait donc fallu importer du sable, comme on le fait à Sainte-Asile, en achetant du sable à Bormes et en complétant avec du sable de carrière. C’est possible à Saint-Mandrier car la convention de concession avec l’État prévoit l’apport de sable de l’extérieur. Mais ce n’est le cas pour MarVivo : dans la concession de plage de l’État à la métropole TPM, l’apport de sable extérieur n’est pas prévu... Malheureus­ement, modifier une telle convention demande du temps. Et le temps administra­tif de la procédure ne nous permet pas de le faire pour la saison. Il n’y aura donc pas d’apport de sable cet été à Mar-Vivo sauf si, par chance, la nature en décidait autrement par le biais des courants…

Que vont devenir les posidonies enlevées du port de Saint-Elme ? La réglementa­tion nous autorise à retirer les posidonies pour la période estivale, à les stocker et à les remettre sur une plage, par exemple pour faire un mille-feuille qui permet de lutter contre l’érosion. À Saint-Elme, ce sont environ   m³ de posidonies qui viennent d’être retirées du port au moyen d’une pelleteuse. On a fait enlever le volume permettant d’avoir un minimum d’accessibil­ité pour les bateaux. Mais nous n’avons pas eu de dérogation, comme l’an dernier, pour remettre en mer les posidonies. Les services de l’État nous ont demandé une étude d’impact et de suivi des feuilles de posidonies quand on les rejette au large du cap Sicié. Et nous n’avons pas eu non plus de dérogation pour les mettre en décharge. Pour le moment, on a différente­s options de stockage à l’étude. Ce qui est sûr, c’est que, après la saison estivale, elles seront remises sur une plage. Mais là aussi, les services de l’État demandent une étude d’impact…

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(Photos Dominique Leriche) En début de semaine, les services de la Ville sont intervenus sur la plage pour la sécuriser. Ils ont notamment descellé divers métaux ferreux et plaques de béton qui pouvaient se révéler dangereux pour les usagers.
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Gilles Vincent, vice-président de TPM en charge des plages.

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