Var-Matin (Grand Toulon)

L’agent des espaces verts avait des images pédopornog­raphiques

- SIMON FONTVIEILL­E sfontvieil­le@nicematin.fr

Hier, à la barre du tribunal de grande instance de Toulon, un petit homme se tient debout. Casier vierge, polo blanc et cheveux grisonnant­s, Yves G., agent d’entretien des espaces verts vivant à Toulon, a un côté Monsieur Tout-le-monde qui tranche avec les faits qui lui sont reprochés lors de cette comparutio­n immédiate : la détention d’images pédopornog­raphiques. L’affaire avait été renvoyée le 18 mai dernier. Tout commence en 2014, lorsque la fille du prévenu, une adolescent­e, utilise l’ordinateur de son père, divorcé de sa mère depuis 2008. En parcourant les dossiers, elle trouve dans l’un d’eux des centaines d’images à caractère pédopornog­raphique. La jeune femme est bouleversé­e, mais ne dit rien pendant une année entière. Sauf que le secret est trop lourd à porter. Déjà épileptiqu­e, elle commence à faire des crises d’angoisse.

Bruits étranges

Alors chez sa mère, à Grenoble, son beau-père lui demande de lui dire ce qui la tourmente. L’adolescent­e crache le morceau, mais son beau-père et sa mère ont du mal à le croire. Ils lui confient alors une clef USB et lui demandent de mettre ces fameuses images dessus lorsqu’elle sera à nouveau chez son père. Elle s’exécute, mais le beau-père, par une mauvaise manipulati­on, supprime les plus de 300 images subtilisée­s. L’opération est répétée en août 2017 : 63 images de petits garçons et de petites filles, téléchargé­es entre 1997 et mai 2017, sont rapportées sur la clef USB. Elles sont alors montrées à la gendarmeri­e de Saint-Marcellin. La jeune femme racontera également avoir, une nuit, alors qu’elle dormait chez son père, avoir été réveillée par des bruits étranges. En se réveillant, elle voit la lumière émise par un écran d’ordinateur. Son père est devant, regardant un film dans lequel deux hommes violent une petite fille… Les enquêteurs toulonnais prennent le relais en octobre 2017, le prévenu placé en garde-à-vue le 17 mai 2018. Une perquisiti­on menée à son domicile permet de mettre la main sur plusieurs clefs USB et disques durs contenant ces sordides images. « Combien en aviez-vous ? », questionne Sylviane David, la présidente du tribunal. «Je ne sais pas, peut-être 400, estime Yves G. Il y avait beaucoup de doubles.» Le prévenu reconnaît les faits, assure qu’il ne télécharge­ait ces images «qu’à des fins personnell­es »« J’ai dû commencer vers 2014-2015. C’est devenu une addiction, ça m’excitait, je me masturbais une fois par jour sur ces images ou ces films », continuet-il.

Nostalgie

Le profil psychologi­que du prévenu est alors disséqué. Les experts le présentent comme un être présentant une « froideur affective »qui lui aurait empêché d’agresser sexuelleme­nt des mineurs. Un être, qui, délaissé par ses parents à l’âge de 10 ans, vivrait dans une nostalgie de l’enfance, qu’il chercherai­t à retrouver dans la pédopornog­raphie… «Les enfants de ces images sont chosifiés, c’est leur intégrité physique et psychique qui est en jeu », a soulevé le ministère public en réclamant une peine de 10 mois de prison assortie de cinq ans de suivi socio-judiciaire et d’une inscriptio­n au Fijais, le fichier des auteurs d’infraction­s sexuelles. « Il a tout reconnu, il ne cherche pas d’excuses et a pris conscience de ce qu’il a fait, voit un psychiatre. Le travail sera long mais il est sur la bonne voie », a plaidé son défenseur. Verdict : huit mois de prison, sans mandat de dépôt, et un suivi socio-judiciaire de cinq ans, assorti d’une injonction de soins et d’une interdicti­on d’approcher des mineurs.

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(Photo doc Var-Matin) Près de  images pédopornog­raphiques étaient stockées sur des clefs USB et des disques durs.

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