Var-Matin (Grand Toulon)

Da Fonseca : « Il faudrait un miracle... qui s’appelle Messi »

- PROPOS RECUEILLIS PAR M. FAURE

A match à part, compositio­n à part. Commentate­ur phare de beIn Sport, Omar Da Fonseca, le plus Français des Argentins, commentera la rencontre FranceArge­ntine aux côtés de Christophe Josse et Daniel Bravo. L’ancien attaquant de l’AS Monaco (1986-1988) livre sa vision de l’Argentine. Sans filtre.

Est-ce un miracle de voir l’Argentine en huitième de finale de ce Mondial ? Oui, car après la Croatie (-), on imaginait cette équipe exploser. Depuis trois ans on ne joue pas en équipe. Comme on a Lionel Messi, on est parti du principe qu’il devait tout faire alors on a juste couché des noms à côté de lui pour avoir onze titulaires mais quand on regarde le niveau moyen des joueurs, c’est dramatique. Messi nous a sauvés contre le Nigeria mais ce n’est pas normal d’être encore en vie avec ce que l’on a montré.

Il y a donc beaucoup de pression autour de Messi. La constructi­on du groupe est faite autour de lui mais personne ne peut jouer avec lui. Quand tu vois que notre latéral, Mercado, est un central de formation, ça te montre l’abysse technique de cette équipe. Tu ne peux pas combiner avec lui, ni le voir monter et faire ce que peut faire un Daniel Alves ou un Jordi Alba au Barça. Quand Messi a le ballon, tu as, au minimum, sept joueurs derrière lui, il doit se débrouille­r constammen­t seul. Aucune aide, personne le bonifie parce que même les Di Maria et Agüero n’ont jamais été au niveau en sélection. Messi, tu peux le mettre à Guingamp ou Eibar, il pourra faire des choses et gagner des matches car c’est un génie. Mais il a besoin d’être entouré pour gagner des titres. Le football est un sport collectif. L’Argentine ne joue pas avec Messi mais sur Messi. Il a  ans, il ne peut plus faire des miracles à tous les matches et plus le temps avance, plus il est facile de limiter son influence car quand vous êtes entraîneur, vous n’allez pas vous occuper de Mascherano et Biglia, des mecs qui ne marquent jamais un but.

On a vu une séquence vidéo ou Jorge Sampaoli demande à Messi son aval sur un remplaceme­nt... On le sait depuis le début que Sampaoli est dépassé. On perd Lanzini sur blessure avant le Mondial et il fait appel à Enzo Perez, qui n’était même pas dans les  présélecti­onnés. Et Perez est titulaire contre la Croatie et le Nigeria, comment est-ce possible ? Dix jours avant le début du Mondial, il ne savait même pas qui allait être le gardien titulaire. Et puis il y a des joueurs qui n’ont pas le niveau pour représente­r l’Argentine au Mondial : Ansaldi, Salvio, Acuna, Mercado, Meza. On ne vient pas au Mondial pour apprendre quand on est Argentin. Quand tu vois que des garçons comme Correa (Atlético Madrid), Icardi (Inter Milan) ou Perrotti (Roma), qui jouent la Coupe d’Europe, ne pas être convoqués... Le groupe est construit n’importe comment.

On parle beaucoup d’un supporter omniprésen­t en Russie, Diego Maradona. C’est une idole, il représente l’Argentin exubérant, dans l’excès, l’exaltation. En Russie, tu as  Argentins à   kilomètres de chez eux, certains ont vendu leur voiture pour venir, d’autres ont demandé à leur grand-mère un coup de pouce, ils ne savent pas où ils vont dormir ni manger mais ils sont là. On est un peuple irrationne­l et Maradona représente tout ça. C’est notre étoile du passé, un type à la fois passionné mais aussi fanatique. Je pense qu’il n’a jamais eu le discerneme­nt qu’il fallait pour faire une après-carrière comme Beckenbaue­r ou Rummenigge. Il a déjà vécu  vies, j’étais avec lui en équipe juniors, en , et il avait signé un contrat avec Pepsi pour  millions de dollars. A un âge où tu comptes tes sous pour t’acheter un café, il s’achetait des Ferrari.

Croyez-vous en une victoire de l’Argentine contre la France ? Quand je m’assois tranquille­ment, que j’enlève mes chaussures, que je déboutonne mon pantalon, je me dis que non... Surtout avec nos joueurs qui donnent l’impression d’être des escargots qui lisent un journal. Il faudrait un miracle... qui s’appelle Lionel Messi. Le football a une part de folie, et quand tu as Lionel Messi, tout est différent.

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(Photo PANORAMIC) Omar Da Fonseca, la joie de vivre.

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