Var-Matin (Grand Toulon)

Le grand frisson

Au terme d’un spectacle grandiose, la France a battu l’Argentine pour la première fois de son histoire au Mondial. La voilà en quarts, où elle affrontera l’Uruguay

- VINCENT MENICHINI, À KAZAN

C’était un match pour écrire l’histoire, un défi pour les braves. C’est devenu une folie, une dinguerie, un instant suspendu. Un moment hors du temps que les Français ne sont pas prêts d’oublier. Au bout, il y a la qualificat­ion et un quart contre l’Uruguay et, surtout, le privilège de se dire que plus rien n’est impossible après ce qui restera comme l’un des matchs les plus incroyable­s de l’histoire bleue en Coupe du monde. On n’avait plus autant vibré depuis France - Brésil en 2006, et encore le spectacle d’hier était sans doute plus intense, compte-tenu du scénario du match. Un match magnifié de façon subjuguant­e par ces acteurs. Inoubliabl­es, les buts de Di Maria et Pavard figurent dans le top 5 des plus beaux du Mondial, déjà. Il y a douze ans, en quart de finale, c’était la symphonie de Zinedine Zidane. Hier, on a assisté au récital d’un môme qui n’était pas né quand la France était sur le toit du monde. A 19 ans, Kylian Mbappé a toujours voulu toucher les étoiles. Contre l’Argentine, il a décroché la lune, avec une performanc­e homérique face à Lionel Messi qui est venu lui serrer la main, en fin de match, avec pudeur mais le coeur gros, comme un passage de témoin. L’AS Monaco a formé des champions du monde (Henry, Trezeguet, Petit, Thuram). Avec Mbappé, elle a créé un mutant, un joueur hybride qui ne ressemble à aucun autre et qui devient inarrêtabl­e quand l’horizon se dégage, les espaces se libèrent.

Pavard, c’est fou !

Il y aura tout eu dans ce huitième de finale, rythmé par les merveilleu­x chants du public argentin qui nous a réellement fait frissonner au moment de l’hymne et enivrer jusqu’au bout. Ce matin, la France se lève tout éblouie par ce qu’elle vient de prendre en pleine face. Car, après un premier tour insipide et des interrogat­ions à la pelle, elle n’était pas préparée, ni prête à gérer autant d’émotions, d’un coup. Au coeur de la « Bombonera » de Kazan, habitée par la fureur argentine, les Bleus ont réalisé une performanc­e magistrale face à une équipe d’Argentine, bancale certes mais qui a largement contribué à ce que le spectacle soit unique. Malgré toutes ses failles, elle a eu l’immense mérite de revenir de nulle part sur une merveille de frappe de Di Maria et même prendre l’avantage grâce à Mercado, sans qu’elle ne sache vraiment comment c’était possible. Or, la France a remis le contact grâce à une inspiratio­n géniale de Pavard qui a eu besoin de neuf sélections et du sobriquet de « Jeff Tuche » pour devenir la nouvelle coqueluche dans les foyers. Kylian Mbappé, lui, a fini le boulot pour se poser comme l’un des meilleurs joueurs du monde, à 19 ans, tout simplement... Les Bleus l’ont donc fait. Ils nous ont transporté­s dans un tourbillon de folie en battant pour la première fois de leur histoire l’équipe d’Argentine en Coupe du monde. Ils ont mis Lionel Messi à la porte, lequel ne remportera donc jamais ce que Diego Maradona a gagné. Ce n’est pas rien, c’est même immense et on attend la suite, avec appétit et gourmandis­e. Après l’Uruguay, vendredi à Novgorod, ce pourrait être le Brésil à Saint-Petersbour­g. Le rêve est en marche…

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La demivolée de Pavard va finir en pleine lucarne.

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