Var-Matin (Grand Toulon)

Cogolin:  détournés par la comptable de l’étude notariale

- G. D.

De janvier 2006 à mars 2014, en proie à un surendette­ment inouï, la chef comptable d’une étude notariale de Cogolin avait trahi la confiance de ses employeurs, en puisant dans leurs comptes pour rembourser des prêts immobilier­s. Vu son casier judiciaire vierge, elle a été condamnée par le tribunal correction­nel de Draguignan à dixhuit mois de prison, avec sursis et mise à l’épreuve (SME), avec obligation d’indemniser ses ex-employeurs à hauteur de 20 000 €. Son époux, qui avait bénéficié du fruit de ces abus de confiance, a été condamné pour recel à six mois de prison avec SME, comportant les mêmes obligation­s.

Folie des grandeurs

Arrivés à la cinquantai­ne, Brigitte et son mari Philippe, également employé par l’étude notariale, ont formé le projet de créer des chambres d’hôtes, pour améliorer leur future retraite. Un écueil toutefois, ils n’avaient quasiment pas le sou vaillant pour constituer un apport. Ce qui ne les a pas empêchés d’acheter en 2006 leur maison de Cogolin à crédit pour 400 000 €, et d’investir trois ans plus tard dans une maison à Lorgues pour 600 000 €, toujours à crédit. Mais les 6 200 € de mensualité­s étaient hors de portée de leurs 5 000 € de salaires cumulés. Surtout en considéran­t que des prêts à la consommati­on et un crédit revolving faisaient grimper leurs charges fixes à 9 000 € par mois.

Fuite en avant

«J’ai été amenée à faire ça par désespoir, a expliqué Brigitte au tribunal. Je pensais pouvoir rembourser, mais je ne savais pas la somme exacte que j’avai s prise. » Elle a finalement avoué à ses employeurs les malversati­ons auxquelles elle s’était livrée pendant des années, en profitant de la confiance qu’ils lui faisaient à ce poste à responsabi­lités. Au total, Brigitte avait détourné 397 000 € du compte «client» des notaires, 107 000 € du compte «étude», et s’était allouée, ainsi qu’à son époux, 137 000 € de gratificat­ions indues. Soit un total de 641 000 €.

Abus de confiance pendant dix ans

Aux intérêts des notaires, Me Gilles Ordronneau a souligné que ces détourneme­nts étaient habiles, puisqu’ils avaient pendant dix ans déjoué les contrôles annuels de la chambre régionale des notaires. En défense, Me Jean-Christophe Piaux a stigmatisé le « laxisme des notaires qui, en délivrant sans contrôle un véritable blanc-seing à Brigitte, a grandement facilité ses malversati­ons ». Les propriétés des époux ont été vendues, leurs crédits immobilier­s en partie remboursés, mais leur avenir reste incertain.

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